Accueil Actu

Bure: des casseurs perturbent une manifestation d'antinucléaires

Une centaine de casseurs cagoulés et de brefs heurts avec les forces de l'ordre ont perturbé samedi une manifestation de plus d'un millier de personnes à Bar-le-Duc, venues protester contre le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse).

Encadré par plusieurs tracteurs, le cortège de 1.000 personnes selon la préfecture, plus de 3.000 selon les organisateurs, s'était élancé en musique peu avant 14H30 pour rejoindre la place Reggio, en face de la préfecture, où il est arrivé peu avant 17H00, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Cette manifestation, c'est la preuve de notre détermination, de notre union aussi", avait affirmé à la presse avant le départ du cortège Jean-Marc Fleury, président de l'association des élus opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs, co-organisatrice de cette journée "contre la poubelle nucléaire".

Peu de temps après le démarrage de la manifestation, environ 150 personnes -- selon la préfecture -- vêtues de noir et cagoulées sont apparues dans le milieu du cortège, ont tagué des murs et cassé les vitrines d'une société de BTP et d'une société d'expertise et tagué des murs, a constaté la journaliste de l'AFP.

Les casseurs s'en sont ensuite pris à deux agences bancaires où ont eu lieu de brefs heurts avec des CRS et des gendarmes mobiles, contre lesquelles ont été lancées des pierres et des fumigènes. Les forces de l'ordre "ont riposté en faisant usage de bâtons de défense et de containers lacrymogènes", a indiqué la préfecture.

Peu après 19H00 de nouvelles tensions avec les forces de l'ordre ont eu lieu place Reggio sur le lieu d'arrivée de la manifestation, où étaient prévus des spectacles.

"Un individu a été interpellé pour port d’arme et outrage aux forces de l’ordre. Cette interpellation a suscité une vive réaction parmi les opposants les plus radicaux. Un mouvement de foule s’en est suivi. Les opposants s’en sont pris aux forces de l’ordre avec des jets des bouteilles" et deux autres interpellations ont été effectuées, a indiqué la préfecture de la Meuse dans un communiqué.

Cela porte à six le nombre total des interpellations sur la journée.

La préfecture a indiqué que le nombre de blessés côté forces de l'ordre était de sept, dont deux transportés à l'hôpital pour une lèvre fendue et une blessure au coude à la suite d'une chute. Du côté des manifestants, un blessé léger a été recensé.

- "Des professionnels venus pour en découdre" -

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a, dans un communiqué, "condamné avec la plus grande fermeté les dégradations commises cet après-midi à Bar-le-Duc par des individus cagoulés" et a "salué l’action déterminée des forces de l’ordre qui a permis de faire cesser très rapidement les exactions".

Les commerces de Bar-le-Duc avaient été fermés par précaution.

"Il y a une façon de lutter qui est la leur. Ils sont cagoulés, ils cassent des vitrines ciblées, on ne peut pas maîtriser tout ça. Je ne suis pas dans l'approbation, je suis dans la compréhension", a réagi auprès de l'AFP Jean-Marc Fleury.

Si le défilé a pu terminer son trajet jusqu'à la place Reggio sans autre violence, cela a suscité des dialogues tendus entre certains manifestants sur les méthodes des casseurs.

"Il y a les opposants et des extérieurs, des professionnels de la manif qui se déplacent d'action en action pour en découdre. Ils sont rodés", a critiqué un manifestant anonyme, tandis que les personnes tout en noir n'ont rapidement plus été visibles dans le cortège.

Cette manifestation, quatre mois après l'évacuation du bois Lejuc à côté de Bure, se voulait avant tout "festive".

Les manifestants avaient accroché des branches d'arbre aux sacs à dos, ceintures, poussettes, tracteurs etc. pour "symboliser le bois Lejuc", site retenu par l'Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra) pour y mener des forages exploratoires. Occupé depuis l'été 2016, le bois a été évacué par 500 gendarmes le 22 février à l'aube.

"On va débaptiser Bar-le-Duc en +Bar Lejuc+", a dit Jean-Pierre Simon, agriculteur et opposant historique au projet Cigéo.

Le projet, mené par l'Andra, vise à enfouir à 500 m sous terre les déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français.

Dès samedi matin, des centaines de personnes de tous âges, beaucoup venues avec leurs enfants, avaient convergé vers le Hall des Brasseries, près du centre-ville, où ont eu lieu des tables-rondes. Une banderole proclamait "Refusons que le Grand Est devienne la poubelle nucléaire de l'Europe".

À lire aussi

Sélectionné pour vous