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Bure: évacuation en force des opposants à l'enfouissement des déchets nucléaires

La gendarmerie nationale a évacué jeudi le bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse), avec une opération d'envergure pour déloger par surprise les opposants antinucléaires.

Depuis l'aube, cinq cents gendarmes ont été mobilisés pour l'évacuation de ce site de 221 hectares à proximité de Bure. Au début de l'intervention, une quinzaine d'opposants étaient présents.

Parallèlement, à Bure, où la mairie a été la cible de jets de pierres, une perquisition a eu lieu à la Maison de résistance, où près d'une trentaine d'opposants au projet d'enfouissement de déchets nucléaires Cigéo se sont regroupés, a constaté une journaliste de l'AFP.

Au total, trois personnes ont été placées en garde à vue, une pour tentative de jet d'engin incendiaire sur les forces de l'ordre au bois Lejuc, une pour outrages et une pour violences, selon une source proche du dossier.

"Sous l'autorité de la préfète de la Meuse, une opération menée par la gendarmerie a débuté ce matin à 6H15", avait annoncé sur son compte Twitter le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

"L'opération est toujours en cours et se déroule sans incident majeur", a expliqué en fin de matinée la préfète de la Meuse, Muriel Nguyen, ajoutant que les moyens mobilisés étaient "adaptés et nécessaires pour prévenir les débordements et rassurer la population".

Le bois Lejuc a été retenu par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour l'installation des cheminées d'aération du projet Cigéo, visant à enfouir à 500 m sous terre les déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français.

Saisi en référé par l'Andra, qui veut y réaliser des forages exploratoires dans cette forêt, le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc avait pris en avril une décision d'expulsion.

Perquisition

Deux bulldozers ont commencé à nettoyer les barricades et bivouacs des opposants à l'entrée du bois Lejuc, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les forces de l'ordre "essaient de nous faire descendre et nous menacent", a déclaré par téléphone un opposant perché dans un arbre. "Je ne veux pas descendre. Nous sommes là pour montrer qu'on ne veut pas qu'on empoisonne la Terre mère, on est dans un vieux chêne qui a vécu bien plus longtemps que nous."

A la Maison de résistance, à Bure, les forces de l'ordre "se sont introduites par la force, sans explication, en disant qu'ils allaient faire usage de la force contre nous", a raconté, très énervée, une opposante, se faisant appeler Camille, après avoir été expulsée du bâtiment.

Le réseau Sortir du nucléaire et d'autres associations d'opposants ont appelé "à des rassemblements devant toutes les préfectures ce soir à 18h00".

"Sidération"

"Dans un Etat de droit, les oppositions doivent s'exprimer de manière légale", a écrit sur Twitter le secrétaire d'Etat à la Transition écologique Sébastien Lecornu, qui doit faire une conférence de presse sur place en début d'après-midi.

"Nous ne voulons plus qu'il y ait en France des lieux qui soient des lieux de non-droit", a déclaré Gérard Collomb, en marge d'un déplacement à Lognes (Seine-et-Marne).

Vendredi, le Premier ministre Edouard Philippe avait affiché sa détermination à ne pas laisser "s'enkyster" les "Zad" ("zones à défendre") occupées par des militants, alors que l'exécutif s'est engagé à évacuer fin mars à l'issue de la trêve hivernale l'emblématique Zad de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

Le choix de lancer l'évacuation jeudi s'explique aussi par le fait que les opposants à Cigéo "devaient venir installer un bâtiment en dur début mars et il n'était pas question que ce bois devienne une zone de non-droit", a expliqué à l'AFP Frédéric de Lanouvelle, porte-parole du ministère de l'Intérieur.

"C'est absolument invraisemblable car la visite de M. Lecornu était prévue aujourd'hui. Il devait nous rencontrer demain en tant qu'opposants. C'est la sidération", a déclaré à l'AFP une porte-parole du collectif Bure Stop expliquant que la propriété du bois Lejuc "est contestée", avec "des recours en cours déposés sur l'illégalité des travaux".

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