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Calanques: solution en 2019 chez Alteo pour l'aluminium et l'arsenic

Autorisée à rejeter ses eaux polluées dans le Parc national des calanques, l'usine d'alumine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône) entend faire passer dès 2019 ses rejets d'aluminium et d'arsenic sous le seuil légal requis, grâce à une technologie au C02 dévoilée jeudi à Marseille.

Leader mondial des alumines de spécialité, Alteo a cessé fin 2015 ses rejets en mer de "boues rouges", ces déchets solides issus de la transformation de la bauxite. En cinquante ans, Alteo avait déversé plus de 20 millions de tonnes de ces "boues" dans la fosse de Cassidaigne, au large de Cassis, avec notamment de l'arsenic, du cadmium ou du mercure.

Un arrêté préfectoral du 28 décembre 2015 a cependant autorisé Alteo à poursuivre pour six ans ses rejets liquides en mer, au coeur du Parc national des calanques. Avec l'obligation de passer d'ici la fin 2021 sous les seuils maximaux autorisés pour les six éléments pour lesquels elle est encore en dépassement, dont l'aluminium et l'arsenic.

Concernant le pH de ses effluents ou leur teneur dans ces deux métaux, Alteo espère donc être en règle avec plus de deux ans d'avance, grâce à un nouveau procédé de traitement des eaux par injection de CO2. Cette usine de retraitement, un investissement de 6 millions d'euros qui sera lancé en avril, devrait être fonctionnelle au premier semestre 2019, a assuré Frédéric Ramé, président d'Alteo, jeudi lors d'une conférence de presse.

Dans ses 270 mètres cubes heure d'effluents liquides actuels, Alteo rejette 131 mg d'aluminium et 0,06 mg d'arsenic par litre, pour des seuils maximaux de respectivement 5 et 0,05 mg par litre.

- 440 tonnes d'aluminium -

Concernant le fer, l'un des six paramètres sur lesquels Alteo était encore en régime dérogatoire fin 2015, l'entreprise est déjà passée à un seuil cent fois inférieur à la limite, à 0,02 mg par litre, s'est félicité M. Ramé.

Les deux derniers éléments sur lesquels Alteo doit encore progresser sont les niveaux de demande biologique et chimique en oxygène de ses rejets liquides, deux indicateurs de la charge polluante d'une eau usée. "Nous travaillons notamment à des techniques de nano-filtration et d'osmose", a précisé Eric Duchenne, directeur des opérations d'Alteo.

Réduction de 99% de la teneur en métaux des rejets en mer grâce aux filtres à presse à l'oeuvre depuis 2015, avec l'élimination des boues rouges désormais stockées à terre, nouvelle baisse de 68% des métaux dans les effluents liquides en 2016 et 2017: se félicitant de ces résultats, Frédéric Ramé a encore plaidé jeudi pour "sortir du débat stérile qui oppose industrie et environnement".

Ce souhait a été balayé par Henry Augier, président de l'association Union Calanques Littoral, selon qui la seule solution est "l'arrêt total des rejets d'Alteo". "Le Parc national des calanques, créé en 2012, est quand même le seul parc au monde discrédité par une pollution industrielle", a accusé l'ancien directeur du laboratoire de biologie marine de l'université de Marseille-Luminy, chiffres à l'appui, auprès de l'AFP.

En un an, selon les statistiques d'avril 2017 de son association, ce sont quelque 440 tonnes d'aluminium ou 128 kg d'arsenic, entre autres, qui s'échappent vers la Méditerranée.

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