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Certaines entreprises "aussi puissantes que des Etats", s'inquiète Le Maire

Le ministre de l'Economie Bruno le Maire a mis en garde mardi contre "la concentration capitalistique excessive" de certaines grandes entreprises, appelant à "rétablir un équilibre" pour éviter qu'elles ne soient "aussi puissantes que des Etats".

"Pour la première fois dans l'histoire du capitalisme, nous avons des entreprises qui sont aussi puissantes que des Etats", a déclaré M. Le Maire, évoquant le cas de sociétés disposant de "800, 900 ou 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière".

Ces niveaux de capitalisation "sont équivalents à la richesse nationale" de certains "grands Etats de la planète", a poursuivi le ministre, qui s'exprimait en clôture des "Rendez-vous de Bercy", qui ont réuni à Paris des économistes, entrepreneurs et responsables d'ONG.

Amazon et Apple ont dépassé temporairement l'an dernier les 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, avant de voir leur valorisation retomber (actuellement 735 milliards pour Apple et 815 milliards pour Amazon, juste derrière Microsoft et ses 820 milliards).

La valeur de ces entreprises reste toutefois supérieure au produit intérieur brut de très nombreux pays. Selon des données du FMI, elle s'établit au niveau des Pays-Bas, 18e puissance mondiale avec 825 milliards de dollars, contre 2.583 milliards pour la France.

Pour Bruno Le Maire, cette situation "pose une vraie difficulté": "la concentration capitalistique de certaines entreprises peut conduire à leur domination politique", a-t-il estimé, en prenant l'exemple de sociétés qui "créent leur propre monnaie", s'arrogeant "une puissance comparable à celle des Etats".

La différence, c'est que les Etats sont "les dépositaires de la volonté générale, là où les entreprises ne sont que les dépositaires de la volonté de leurs actionnaires", a poursuivi le ministre, jugeant nécessaire de "rétablir un équilibre de puissance".

"C'est un débat que nous avons en Europe" mais "c'est aussi un débat qui est très vif aux Etats-Unis, et nous sommes totalement déterminés avec nos alliés américains à nous pencher sur le sujet", a-t-il promis.

Selon Bruno Le Maire, ce sujet sera l'une des quatre priorités mises en avant lors de la présidence française du G7, dont le prochain sommet se tiendra à Biarritz du 24 au 26 août, et que Paris a décidé de placer sous le signe de la "lutte contre les inégalités".

D'après le ministre, les trois autres priorités seront la lutte contre l'évasion fiscale, la réduction des inégalités au sein des pays développés et la mise au point de "règles d'investissement communes aux grandes nations" dans les pays en voie de développement.

"Aujourd'hui, quand nous allons investir dans les pays en voie de développement (...) nous regardons le niveau d'endettement du pays et nous respectons des règles de surendettement pour éviter de le mettre en difficulté", a expliqué M. Le Maire.

Mais "d'autres nations ne respectent pas les mêmes règles. A terme, ça peut conduire à la mainmise de certaines nations sur des continents entiers", a-t-il poursuivi, évoquant le cas de pays obligés "céder leurs infrastructures" faute de pouvoir rembourser leurs emprunts.

Une situation qui rend nécessaire selon lui l'établissement de "règles d'équité", pour que "les investissements obéissent à des règles de responsabilité et permettent une croissance souveraine" dans les Etats concernés.

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