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CETA: toujours pas d'accord entre Belges

Les différentes parties belges ont échoué mercredi dans leurs discussions pour trouver une position commune et sortir de l'impasse qui bloque le traité de libre-échange entre Européens et Canadiens (CETA), rendant difficilement réalisable une signature de l'accord comme prévu jeudi à Bruxelles.

"Nous attendons toujours une réponse concrète de la part des entités fédérées", les régions et communautés belges pour l'instant divisées sur le CETA, n'a pu que constater mercredi soir le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, à l'issue d'une énième réunion de concertation.

"Nous allons nous revoir demain (jeudi) à 10h00 (08h00 GMT) pour définir ce qui va être dit au niveau de la Belgique lors des réunions européennes", a ajouté le ministre fédéral belge, qui s'est refusé à parler d'"échec".

La Belgique doit envoyer sa position dans la foulée aux ambassadeurs des 27 Etats-membres de l'UE à Bruxelles qui se réuniront jeudi à 11h00 (09h00 GMT).

"Les textes sont là. La seule chose que le gouvernement fédéral attend maintenant, c'est que les régions nous disent exactement quelle est leur réponse", a répété M. Reynders en sortant de la dernière session de concertation, qui avait déjà été interrompue en fin d'après-midi pour que chaque partie puisse étudier les documents avant de reprendre vers 21h00 (19h00 GMT).

Pour compliquer les choses, l'UE et le Canada sont censés tenir un sommet ce jeudi à Bruxelles pour signer officiellement le traité, en présence du Premier ministre canadien Justin Trudeau.

"On le regrette mais ce ne sera pas possible de tenir le sommet demain", a lancé le ministre-président de la région francophone de la Wallonie, le socialiste Paul Magnette, chef de file des opposants au CETA, en quittant, laconique, la réunion.

"Je suis certain qu'il ne sera pas possible de signer le traité demain. Par contre je garde un bon espoir qu'il est possible de trouver un accord intrabelge et avec la Commission européenne afin de pouvoir soumettre une position belge aux autres pays membre de l'Union européenne", a renchéri de son côté Oliver Paasch, le ministre-président de la communauté germanophone.

- Points d'achoppement -

Les dirigeants des instances européennes se sont refusés jusqu'à présent à annuler le sommet UE-Canada de jeudi mais la rencontre paraît désormais très compromise.

Selon l'agence de presse Belga, le Premier ministre libéral Charles Michel a eu un contact dans la soirée avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, pour l'informer de la situation. Il s'entretiendra jeudi matin avec le président du Conseil européen Donald Tusk.

Selon M. Paasch, ce sont "toujours les mêmes points" qui font l'objet d'un blocage.

"On a des discussions techniques qui sont compliquées", a reconnu Rudy Demotte, qui représente la communauté linguistique française de Belgique (aussi appelée Fédération Wallonie-Bruxelles). Pour lui également, le maintien de la cérémonie de signature de l'accord avec M. Trudeau jeudi à Bruxelles "paraît difficile".

Depuis plusieurs jours, le gouvernement fédéral de centre droit tente en vain de convaincre la région francophone de Wallonie, la région de Bruxelles-Capitale et la "Communauté française" de revenir sur leur veto, qui bloque la signature du CETA par la Belgique et, en conséquence, par l'Union toute entière.

- Le Canada toujours prêt à signer -

Les négociations entre les différents niveaux de pouvoir en Belgique s'intensifient depuis le début de la semaine, commencée sur un bref constat d'impasse. Mardi, les tractations ont duré six heures, avant de reprendre mercredi matin.

"Les réunions se suivent et se ressemblent", s'est désolé mercredi Paul Magnette, qui persiste dans ses critiques à l'encontre du mécanisme d'arbitrage (ICS) instauré par le traité en cas de conflit entre un investisseur et un Etat. Il craint également que le CETA ne dégrade la filière agricole, un enjeu majeur en Wallonie.

Ces longues tractations, dont sont coutumiers les responsables politiques belges, se font en présence d'un représentant de la Commission européenne, qui s'inquiète pour la crédibilité de l'UE sur la scène internationale et suit très attentivement le débat paralysant la signature des 28 avec le Canada.

"Est-ce que nous pourrons signer l'accord avec le Canada demain ? On ne peut pas encore le dire. Au-delà de la date de signature, ce qui est important c'est que la Belgique trouve un accord", a estimé Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen mercredi à Strasbourg.

A Ottawa, un porte-parole de M. Trudeau a affirmé que "si on nous présente un accord, on va le signer", mais le Premier ministre canadien ne se déplacera pas "s'il n'y a pas d'accord".

"On est toujours prêt à aller Bruxelles demain si jamais ça marche. On se tient prêt en espérant qu’ils soient capables de s’entendre", a-t-il ajouté.

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