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Champagne, cosmétiques, sacs: la France de nouveau dans le viseur des États-Unis

La France, déjà sous le coup de taxes punitives visant les Airbus et de nombreux vins exportés vers les États-Unis, se voit désormais menacée de nouvelles représailles douanières par Washington, ciblant cette fois champagnes, roqueforts, maroquinerie et cosmétiques.

L'administration Trump a menacé lundi de surtaxer "jusqu'à 100%" l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français en réponse à l'instauration en France d'une taxe sur les géants américains du numérique.

Le mesure n'interviendra pas avant mi-janvier, à l'issue d'une période de consultations pour examiner les éventuelles demandes d'exemptions, selon le représentant américain au Commerce (USTR).

Ce serait le cas échéant le deuxième train de sanctions douanières touchant la France: dans la longue bataille juridique autour des subventions accordées à Airbus, les États-Unis ont commencé mi-octobre à appliquer des taxes punitives s'élevant à 10% sur les avions européens et à 25% sur divers produits alimentaires de l'Union européenne dont une partie des vins français.

Voici les produits français menacés par ces nouvelles surtaxes:

Vins pétillants

Depuis mi-octobre, une taxe américaine de 25% pénalise déjà les vins "tranquilles" (non effervescents) français ayant un degré d'alcool inférieur ou égal à 14%, et en contenants de moins de deux litres - soit des exportations représentant un milliard d'euros en 2018.

Initialement épargnés, les vins pétillants et mousseux -catégorie incluant les champagnes- sont désormais également menacés de surtaxes par Washington, selon la liste dévoilée par l'USTR.

Les ventes des vins mousseux concernés aux États-Unis représentent près de 700 millions d'euros par an, soit près de 40% en valeur des exportations totales de vins français outre-Atlantique, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).

"Nous déplorons bien évidemment cette annonce qui, après le litige sur Airbus, cible une nouvelle fois les vins français et toujours dans le cadre d'un différend (...) qui ne concerne en rien notre secteur", a déploré Antoine Leccia, président de la FEVS, cité dans un communiqué.

Le syndicat agricole FNSEA appelle de son côté à des "compensations" pour les viticulteurs affectés.

Fromages et produits laitiers

Les fromages français n'étaient concernés que de façon très marginale par les surtaxes américaines entrées en vigueur mi-octobre.

Cette fois, des fromages français -dont l'emblématique roquefort- sont épinglés, tout comme des yaourts et beurres.

Les produits laitiers visés représentaient en 2018 des exportations de 177 millions d'euros vers les États-Unis, dont 155 millions pour les fromages et 13 millions pour le beurre, selon le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel).

Au total, 96% (bien: 96%) des ventes de fromages français outre-Atlantique (en valeur) seraient soumises aux surtaxes, et la quasi-totalité (99%) des exportations de beurre.

"L'impact est considérable (...) Le sentiment d'inquiétude plane sur la filière" et "il sera un peu compliqué de trouver" d'autres débouchés, alors même que le secteur est également confronté aux turbulences du Brexit, explique à l'AFP Benoît Rouyer, économiste du Cniel.

Maroquinerie et porcelaine

Sacs à main et articles d'arts de la table en porcelaine, très représentatifs de l'industrie de luxe française, sont aussi ciblés.

"Nous regrettons cette décision unilatérale car les produits français sont très appréciés des consommateurs américains. C'est le cas de la filière cuir et notamment de la maroquinerie dont la qualité des produits est reconnue dans le monde entier, et en particulier aux Etats-Unis. Les USA sont un secteur très porteur pour les produits de luxe français mais, en même temps, ils ne représentent que 12% de nos exportations de maroquinerie", a commenté pour l'AFP Franck Boehly, président du Conseil national du Cuir.

Selon les données de la filière, les exportations françaises de sacs à main dans cette matière vers les États-Unis représentaient 551,4 millions d'euros en 2018 (+13% sur un an): leur deuxième marché à l'international après Hong Kong.

Contactés par l'AFP, les géants du secteur LVMH, Hermès et Kering n'ont pas souhaité commenter. Une grande partie des sacs des marques appartenant à Kering sont, pour autant, produits en Italie.

La menace de Washington intervient alors que Donald Trump avait inauguré mi-octobre en grande pompe un atelier de production de Louis Vuitton au Texas, signe selon lui du succès de ses réformes.

Cosmétiques

Également dans la liste de l'USTR des produits français menacés: produits de maquillage, savons et crèmes lavantes.

Selon la Fédération des Entreprises de Beauté (Febea), les États-Unis sont la deuxième destination d'exportation des articles cosmétiques français (produits de beauté, parfums, produits capillaires...), soit en 2018 un marché total dépassant 1,5 milliard d'euros.

La fédération a indiqué à l'AFP "regretter" ces menaces visant "de nombreux produits et secteurs" n'ayant "aucun lien avec le débat initial" relatif aux géants du numérique.

S'il est "encore trop tôt pour s'alarmer", avant l'application effective des surtaxes, la Febea relève l'éventuelle "fragilisation" de la balance commerciale française, "les cosmétiques représentant le troisième secteur excédentaire du pays, derrière l'aéronautique et les vins/spiritueux".

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