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Chantier EPR en Angleterre: nouveau surcoût de plusieurs milliards

EDF a prévenu mercredi que son énorme chantier de construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point C en Angleterre devrait coûter jusqu'à 3,3 milliards d'euros plus cher que prévu, une mauvaise nouvelle de plus pour le programme nucléaire de l'électricien.

Les coûts "sont désormais estimés entre 21,5 et 22,5 milliards de livres sterling 2015", soit une augmentation comprise entre 1,9 et 2,9 milliards de livres sterling (2,15 à 3,3 milliards d'euros actuels) par rapport aux évaluations précédentes, a indiqué l'électricien français dans un communiqué.

EDF avait déjà annoncé en 2017 un surcoût de 1,5 milliard de livres pour ce projet situé dans le comté du Somerset (sud-ouest).

L'entreprise avait aussi déjà évoqué un "risque de report de la livraison" de 15 et 9 mois respectivement pour les deux réacteurs. Ce risque "s'est accentué", indique le groupe, qui a cependant toujours l'objectif de démarrer la production d'électricité sur le réacteur n°1 fin 2025.

"Les surcoûts résultent essentiellement des conditions de sol difficiles, ayant rendu les travaux de terrassement plus coûteux que prévu, de la révision des objectifs des plans d'actions opérationnels, et des coûts supplémentaires liés à la mise en oeuvre du design fonctionnel d'une tête de série adaptée au contexte réglementaire britannique", détaille l'entreprise.

C'est EDF qui exerce la maîtrise d'ouvrage, tandis que son partenaire chinois CGN détient un tiers du projet.

Hinkley Point C, dont la construction a démarré en 2016, est un chantier pharaonique qui mobilise près de 4.000 personnes sur le site et nécessite l'utilisation de la grue la plus haute du monde, avec ses 250 mètres.

Après plus de vingt ans de pause, le Royaume-Uni - qui vise la neutralité carbone d'ici 2050 - s'est ainsi lancé dans la construction de nouvelles capacités nucléaires, souvent critiquées pour leur prix, et développe par ailleurs massivement l'éolien en mer.

Le succès de la nouvelle centrale est donc important pour le pays, qui compte dessus pour alimenter près de 6 millions de foyers en électricité. EDF porte aussi avec son partenaire chinois un projet pour une autre centrale comptant aussi deux EPR, Sizewell C dans le Suffolk (est), qui n'a pas encore obtenu le feu vert.

- 'Pas un penny' -

Le gouvernement britannique s'est empressé de rappeler mercredi qu'en vertu du contrat négocié avec EDF, le contribuable n'aurait rien à payer de plus.

"Les consommateurs ne paieront pas un penny avant que la centrale ne génère de l'électricité. Toute augmentation des coûts sera supportée intégralement par EDF et ses partenaires financiers et non par les consommateurs ou les contribuables", a souligné un porte-parole du ministère des Entreprises.

Le nouveau surcoût a toutefois alimenté les critiques des opposants au projet, qui le jugent de moins en moins compétitif face à des énergies renouvelables dont les coûts chutent.

"Il devient évident qu'un système d'énergies renouvelables basé sur l'éolien en mer et d'autres sources est la manière la moins onéreuse, la plus rapide et la plus fiable de réduire les émissions de CO2", a critiqué Doug Parr, de Greenpeace UK.

A la Bourse de Paris, l'action EDF chutait de 6,60% à 9,998 euros mercredi matin vers 10H50, dans un marché en baisse de 1,56%.

C'est en effet un nouveau coup dur pour le groupe français, déjà empêtré dans le chantier de construction d'un réacteur EPR à Flamanville (Manche) en France, qui a connu de nombreux retards et surcoûts.

Dernier épisode de la saga: des problèmes de soudures qui nécessiteront des travaux complexes et se traduiront par des nouveaux retards de plus de trois ans.

Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a demandé cet été un audit sur la filière EPR, estimant que "ces incidents à répétition ne sont pas acceptables".

EDF a en revanche mis en route deux EPR avec ses partenaires chinois à Taishan en Chine.

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