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Chine: envolée des prêts bancaires à un niveau record en janvier

Les banques chinoises ont accordé en janvier cinq fois plus de prêts que le mois précédent, un rebond spectaculaire reflétant le souci de Pékin de soutenir l'activité -- sans renoncer à durcir son encadrement du secteur financier et à endiguer l'endettement du pays.

Les établissements bancaires chinois ont accordé en décembre des prêts pour 2.900 milliards de yuans (374 milliards d'euros), un niveau record, contre 584 milliards de yuans en décembre, a annoncé la banque centrale chinoise (PBOC).

Le sursaut était attendu, car les établissements se voient octroyer en janvier de nouveaux quotas de prêts pour l'année qui débute, mais ce sommet historique dépasse de très loin les prévisions des analystes.

Les banques tendent traditionnellement à gonfler fortement en début d'année les prêts qu'elles accordent -- notamment à de grandes entreprises et sociétés d'Etat -- pour ne pas céder de parts de marché et maximiser leurs bénéfices.

Or, ce phénomène saisonnier a pu être alimenté par la campagne gouvernementale contre la "finance de l'ombre" non régulée (arsenal d'instruments de crédit et de produits d'investissement prospérant hors des banques), à l'heure où Pékin s'efforce de contenir la dette chinoise et les risques qui y sont liés.

Ce durcissement réglementaire a conduit à reporter vers les prêts bancaires traditionnels des crédits obtenus auparavant auprès de la "finance de l'ombre", estime Yang Zhao, économiste chez Nomura.

Le bond des prêts bancaires est par ailleurs conforme au souci du régime de ne pas étouffer "l'économie réelle" malgré le ralentissement du crédit.

Mais M. Zhao le reconnaît: "Les conditions de liquidités continuent de se resserrer pour l'économie réelle". En clair: les entreprises, surtout les petites et moyennes firmes, font face à des difficultés grandissantes pour se procurer de nouveaux financements.

Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics, confirme: "Si le record des prêts bancaires attire le regard, (...) ce rebond est plus qu'effacé par un vif essoufflement des autres modes de crédit".

Ainsi, l'agrégat appelé "social financing", une mesure plus large incluant les mécanismes de crédit non régulés, s'est établi à 3.060 milliards de yuans en janvier, contre 1.140 milliards en décembre et en repli de 630 milliards sur un an.

"Le durcissement réglementaire et le resserrement des conditions monétaires continuent de peser sur la croissance du crédit", insiste M. Evans-Pritchard, selon qui la réduction de politiques de soutien à l'économie pénalise déjà l'activité.

A tel point que, selon lui, la PBOC pourrait assouplir sa politique monétaire d'ici quelques trimestres pour renforcer une activité économique à la peine.

Nomura table lui sur un abaissement, au second semestre, des ratios de réserves obligatoires imposés aux établissements, afin de maintenir "un volume suffisant de liquidités" dans le système financier... et prévenir tout grippage.

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