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Climat: des ONG fustigent les banques impliquées dans l'entrée en Bourse d'Aramco

Plusieurs ONG ont fustigé les grandes banques internationales susceptibles d'accompagnerl'introduction en Bourse du géant pétrolier saoudien Aramco, accusée d'être l'un des pires projets pour le climat des dernières années.

Au total, huit organisations écologistes ont mis en garde dans une lettre jeudi les patrons de sept banques, les américaines Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley, l'helvétique Credit Suisse et la britannique HSBC.

Ces ONG, dont Rainforest Action Network, Global Witness, ShareAction ou Oil Change International, s'inquiètent de voir ces grands noms de la finance travailler sur l'entrée en Bourse d'Aramco, qui "devrait être de loin le plus grand investissement dans l'énergie fossile depuis les accords de Paris de fin 2015".

L'accord international de Paris sur le climat vise à limiter le réchauffement planétaire à +2°C, voire à 1,5°C, comparé au niveau de la Révolution industrielle, ce qui devra passer selon les ONG par une réduction drastique de l'utilisation d'énergies fossiles très polluantes comme le pétrole.

Cette opération gigantesque d'Aramco devrait avoir lieu "bientôt", a assuré il y a quelques jours le groupe public saoudien, qui avait dû faire marche arrière une première fois en raison de conditions de marché difficiles et de baisse des cours du brut.

L'entreprise pourrait être valorisée autour de 1.500 milliards de dollars et s'introduire à la fois sur le marché saoudien et sur une place financière internationale. Les investisseurs pourront acheter dans un premier temps 2% du capital du mastodonte.

Les ONG jugent en outre problématique que des banques aident le royaume à lever des milliards de dollars "compte tenu du bilan horrible concernant les droits humains du régime saoudien", en référence notamment à l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

La lettre rappelle enfin, en citant la presse financière, que certains investisseurs ont refusé de prendre part à l'introduction en Bourse d'Aramco pour des raisons environnementales, notamment le singapourien Temasek Holdings.

Le fonds souverain norvégien a pour sa part commencé à sortir du capital de certaines sociétés pétrolières mais pas des "majors".

L'appel des ONG intervient alors que la finance est pressée de toutes parts d'arrêter d'investir dans les énergies les plus polluantes.

De nombreuses banques ou fonds de pension ont notamment décidé de ne plus accorder de prêts ou d'acheter des titres dans le secteur du charbon et de miser davantage sur les énergies renouvelables, même si beaucoup restent investies dans les hydrocarbures.

Certaines voix s'élèvent toutefois comme celle du milliardaire et philanthrope Bill Gates qui, dans le Financial Times en septembre, a estimé qu'arrêter de financer les énergies fossiles ne permettait pas d'enrayer franchement la hausse des émissions carbone.

Il estime qu'il serait plus utile d'investir massivement dans des nouvelles technologies permettant de réduire la pollution et d'aider la population à s'adapter au changement climatique.

Signe du début de prise de conscience des milieux financiers, le régulateur britannique des marchés, la FCA (Financial Conduct Authority) a proposé mercredi d'imposer aux entreprises cotées au Royaume-Uni de dévoiler à partir de 2020 leur exposition au réchauffement climatique.

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