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Colin Kaepernick, héros devenu paria en dénonçant les violences racistes

De héros à paria: Colin Kaepernick était l'un des meilleurs quarterbacks de la NFL avant de devenir à 30 ans un paria du football américain en boycottant l'hymne national pour dénoncer les violences policières et la discrimination raciale.

En 2013, le jeune métis aux cheveux ras à l'époque emmène son équipe des San Francisco 49ers jusqu'au Superbowl, la finale du Championnat de football américain, pour sa première saison comme titulaire. Malgré la défaite face à Baltimore, les observateurs prédisent un avenir brillant à ce robuste meneur de jeu polyvalent (1,93 m pour 104 kg) et la franchise californienne prolonge son contrat jusqu'en 2020.

Aujourd'hui, il est sans équipe depuis janvier 2017 et il poursuit la NFL, accusant les propriétaires d'équipes de s'être entendus pour le laisser au chômage, alors qu'une partie des fans de football américain brûle son ancien maillot siglé du numéro 7.

Entre-temps, il a lancé un mouvement de boycott de l'hymne américain en mettant un genou à terre lorsque le "Star-Spangled Banner" (La Bannière étoilée) est chanté avant chaque rencontre, au lieu de se tenir debout la main sur le coeur comme le veut la tradition.

"Je ne vais pas afficher de fierté pour le drapeau d'un pays qui opprime les Noirs", justifiait en 2016 le quarterback qui arbore aujourd'hui une coiffure afro, né dans le Wisconsin (nord) d'un père biologique noir avant d'être adopté par un couple de Blancs et élevé en Californie.

Dans la foulée du mouvement "Black Lives Matter", il fait référence à la mort de plusieurs Noirs non armés tués par des policiers, des évènements qui ont provoqué des émeutes. "Il y a des cadavres dans les rues et des meurtriers qui s'en tirent avec leurs congés payés", dit-il.

Son geste de défiance, d'abord passé inaperçu, se propage en 2017 dans les rangs de la NFL, déclenchant les foudres des propriétaires de franchises, des conservateurs et du président républicain Donald Trump. Accusé de bafouer l'armée et ses militaires tués au combat, il se fait traiter de "fils de pute" par M. Trump.

- Message sans équivoque -

Le joueur a aussi reçu de nombreux soutiens dans un pays qui n'a pas encore réglé ses comptes avec le racisme et les discriminations: les artistes Eminem, Jay-Z, Snoop Dogg, Chris Rock et Stevie Wonder, les vedettes de la NBA LeBron James et Kobe Bryant, l'internationale américaine de football Megan Rapinoe, et même des membres de la police de New York dont le célèbre agent Frank Serpico ou l'ex-président démocrate Barack Obama.

Colin Kaepernick, récompensé en avril par Amnesty International pour son action, a aussi créé une fondation qui a levé un million de dollars pour financer des associations de lutte contre les discriminations, et lancé la campagne "Know your rights" (Connais tes droits) à destination des jeunes.

Lundi, le géant Nike lui a donné une occasion de rebondir en le choisissant pour célébrer dans une publicité les 30 ans du slogan "Just do it". Le visuel, en noir et blanc, montre son visage en gros plan barré d'un message sans équivoque: "Croyez dans quelque chose. Même si cela signifie tout sacrifier".

Kaepernick s'inscrit ainsi dans une lignée d'athlètes protestataires noirs qui ont marqué les Etats-Unis et ont connu la controverse, voire la déchéance.

La légende de la boxe Mohamed Ali avait payé de plusieurs années d'interruption de carrière son refus d'aller combattre au Vietnam.

En 1968, Tommie Smith et John Carlos avaient levé un poing ganté, marque des Black Panthers, sur le podium du 200 mètres des jeux Olympiques de Mexico pour dénoncer la ségrégation raciale théoriquement abolie mais encore présente dans la société. Les deux sportifs ont été boycottés par les médias et honnis durant des décennies, avant d'être réhabilités.

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