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Comédien, "roi du chocolat" ou "princesse du gaz": le trio de tête de la présidentielle en Ukraine

Le premier tour de la présidentielle en Ukraine dimanche oppose 39 candidats dont trois se détachent dans les sondages: le comédien Volodymyr Zelensky, le chef de l'Etat actuel Petro Porochenko et l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko.

- Zelensky, comédien à prendre au sérieux -

Volodymyr Zelensky a déjà été président: dans la série télévisée "Serviteur du peuple", où il incarne un professeur d'histoire arrivé subitement à la tête de l'Etat.

A 41 ans, M. Zelensky s'est imposé comme le favori des sondages, devançant de loin ses adversaires dans un contexte de mécontentement des Ukrainiens à l'égard de leurs élites, jugées corrompues et inefficaces.

Ses partisans voient en lui une bouffée d'air frais dans la politique ukrainienne, tandis que ses détracteurs dénoncent un programme flou et un manque d'expérience dangereux pour un pays en guerre.

Il a également été accusé d'être une marionnette de l'oligarque Igor Kolomoïski, ennemi du président Petro Porochenko, ce que le comédien dément.

M. Zelensky a évité les meetings électoraux, limitant les contacts avec les électeurs aux spectacles humoristiques de sa troupe. Il s'exprime dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux plutôt qu'à la télévision ou dans la presse.

Père de deux enfants et diplômé de droit, il est originaire de la ville industrielle de Kriviï Rig, dans le centre de l'Ukraine.

- Timochenko, infatigable "princesse du gaz" -

Ioulia Timochenko, 58 ans, est une figure infatigable de la politique ukrainienne depuis près de 20 ans. Elle s'est surtout illustrée lors de la Révolution orange de 2004, qui a porté pour la première fois des pro-occidentaux au pouvoir à Kiev.

Si elle a depuis abandonné son emblématique coiffure à tresse blonde, elle a su garder son sens du spectacle.

Première ministre en 2005 puis de 2007 à 2010, elle perd finalement l'élection présidentielle la même année face à Viktor Ianoukovitch, destitué quatre ans plus tard après un soulèvement populaire pro-occidental à Kiev.

Mme Timochenko a été au coeur de plusieurs procédures judiciaires. Elle avait été condamnée en 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir dans le cadre de contrats gaziers signés avec la Russie à l'issue d'un procès dénoncé comme politique par les Occidentaux.

Elle n'a purgé que trois années de sa peine avant d'être libérée en 2014, puis d'arriver deuxième à la présidentielle la même année, loin derrière Petro Porochenko.

Si ses soutiens vantent sa détermination et son expérience, ses détracteurs dénoncent un discours populiste, la surnommant la "Maduro en jupe" en référence au président vénézuélien Nicolas Maduro, et la soupçonnent d'entretenir des liens secrets avec le Kremlin.

Surnommée dans le passé la "princesse du gaz" pour avoir été à la tête d'une entreprise de distribution d'hydrocarbures dans les années 1990, elle a promis de diviser par deux la facture énergétique des Ukrainiens si elle était élue.

- Porochenko, roi du chocolat -

Homme d'affaires richissime ayant fait fortune dans la confiserie, Petro Porochenko a été élu président en 2014 après la fuite en Russie de son prédécesseur. Il promettait alors de terrasser la corruption omniprésente et de mettre rapidement fin au conflit armé qui venait d'éclater dans l'Est.

Cinq ans plus tard, ses détracteurs dénoncent l'échec de ces promesses, bien qu'il puisse se vanter d'avoir renforcé les liens de l'Ukraine avec les Occidentaux. Mais son pays reste en proie à une guerre qui a fait près de 13.000 morts.

L'un des hommes les plus riches d'Ukraine avant son élection, il a cependant perdu en 2015 son statut de milliardaire en dollars selon le magazine américain Forbes.

Ce père de quatre enfants, âgé de 53 ans, est entré en politique comme député en 1998. Originaire d'une région russophone, il est l'un des fondateurs du parti prorusse de M. Ianoukovitch en 2010.

Après avoir changé de camp dans les années suivantes en adoptant des vues pro-occidentales, il a été un temps l'allié de Mme Timochenko lors de la Révolution orange.

- 39 prétendants -

Un nombre record de 39 candidats prennent part à la présidentielle de dimanche. Mais hormis les trois favoris, ils n'ont que peu de chances d'arriver au second tour.

Parmi eux, Oleg Liachko, qui espère attirer le vote paysan avec des initiatives étranges comme par exemple en embrassant des vaches, ou encore le nationaliste Rouslan Kochoulynski, qui a combattu contre les séparatistes dans l'Est.

Le député Iouri Timochenko insiste pour sa part sur le fait qu'il est un véritable candidat, et non une simple ruse pour induire les électeurs en erreur et prendre des voix à son homonyme, Ioulia.

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