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Commerce: après Pékin, l'UE cherche elle aussi une issue avec Trump

Les ministres européens du Commerce discuteront mardi à Bruxelles de l'offre de l'UE pour dissuader Donald Trump de lui appliquer des droits de douane punitifs sur l'acier et l'aluminium, au moment où Washington vient de s'entendre avec Pékin.

L'UE est "prête à parler de libéralisation du commerce avec nos amis américains, mais seulement si les États-Unis décident d'une exemption illimitée" de ces taxes douanières, a résumé jeudi à Sofia le président du Conseil européen Donald Tusk, à l'issue d'un sommet européen en partie consacré au sujet.

Quelques heures plus tôt, les chefs d'Etat et de gouvernement des 28 Etats membres s'étaient mis d'accord sur ce qu'ils étaient prêts à mettre sur la table pour amadouer les Etats-Unis.

Objectif: échapper aux taxes douanières de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium, annoncées en mars par Donald Trump et dont ils ne sont provisoirement exemptés que jusqu'au 1er juin.

Alors même qu'ils jugeaient hors de question de négocier "avec un pistolet sur la tempe", les Européens se disent désormais prêts à discuter, en cas d'exemption définitive, d'un accord commercial "restreint" avec les Etats-Unis et à ouvrir leur marché au gaz naturel américain.

"Nos arguments pour la négociation, c'est de donner aux Etats-Unis des incitations pour nous exempter" mais "on n'a pas de raisons d'être optimistes", a estimé lundi une source diplomatique.

Personne à Bruxelles ne se risque d'ailleurs à anticiper la réaction de Donald Trump, à qui reviendra, d'ici le 1er juin, la décision finale sur une éventuelle exemption de l'UE, qui a déjà bénéficié de deux sursis temporaires.

"Mon impression, c'est qu'il y aura une décision définitive, dans un sens ou dans l'autre", a simplement avancé la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström dans une interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel.

Au cours de leur discussion, prévue mardi au déjeuner, les ministres européens devraient également aborder les contre-mesures sur une liste de produits américains emblématiques, comme le beurre de cacahuète, les jeans ou le bourbon, envisagées par l'UE si Donald Trump ne lui accorde pas l'exemption tant réclamée.

Celles-ci pourraient légalement être mises en place à compter du 20 juin.

- 'Pas de TTIP light' -

L'offre européenne, définie après des semaines d'échanges entre Mme Malmström et son homologue américain Wilbur Ross, vise à mettre fin au risque croissant de guerre commerciale avec les Etats-Unis, d'autant plus dangereux que, sur un autre front, Washington vient de parvenir à un accord de principe avec Pékin pour réduire le déficit commercial américain.

En conséquence, les Etats-Unis et la Chine suspendent l'augmentation de leurs droits de douane respectifs.

L'accord commercial "restreint" imaginé par l'UE se concentrerait sur l'abaissement des droits de douane sur certains produits industriels - mais pas agricoles - ainsi que sur l'ouverture des marchés publics.

Les discussions porteraient en particulier sur les véhicules, un secteur stratégique à la fois pour Berlin et Washington.

Les taxes de l'UE sur les automobiles américaines s'élèvent à 10%, tandis que Washington impose des droits de 25% sur les pick-ups et camions européens.

Les droits de douane entre les deux zones restent cependant peu élevés et en moyenne à 3%.

Les Européens insistent sur le fait qu'il ne s'agit pas de relancer le très impopulaire TTIP (ou Tafta), le grand accord commercial au point mort depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.

"Il n'y aura pas de TTIP light", a assuré Mme Malmström à Der Spiegel.

Pour mener ces négociations au nom de l'UE, la Commission européenne aurait besoin d'un mandat des Etats membres.

L'Allemagne y est très favorable, mais la France semblait plus réticente.

A la demande des Etats-Unis, l'UE est également d'accord pour ouvrir des discussions afin d'"approfondir les relations en matière énergétique, notamment dans le champ du gaz naturel liquéfié".

Les Européens proposent par ailleurs d'initier un dialogue avec les Etats-Unis en matière de coopération réglementaire, aux contours encore un peu flous, et sur une réforme de l'OMC.

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