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Les acteurs du transport aérien français tentent de relancer leur compétitivité

Acteurs du transport aérien et pouvoirs publics ont ouvert six mois de discussions mardi pour tenter de lever les handicaps d'un secteur en perte de vitesse en France dans un ciel où la concurrence mondiale fait rage.

Signe de "l'urgence" de la situation, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a annoncé en ouverture de ces Assises du transport aérien une baisse du montant de la majoration de la taxe d'aéroport sur l'ensemble des aéroports de près de 30%, soit 0,90 euro au lieu de 1,25 euro par passager.

Lors de son discours d'ouverture, elle a également promis une réduction des tarifs de la taxe d'aéroport applicables sur une dizaine de grands aéroports français.

Ce geste représentera "50 millions d'euros de taxes en moins pour les compagnies aériennes sur une année", a-t-elle dit.

Il viendra réduire directement le prix les billets d'avion pour les vols au départ du territoire français, selon le ministère.

Les compagnies aériennes françaises tirent la sonnette d'alarme depuis des années sur le problème du poids des charges, notamment en taxes et redevances, qui entravent leur compétitivité.

Elles doivent affronter le déferlement des low-cost, des compagnies du Golfe fonctionnant avec des coûts plus faibles, mais aussi de compagnies européennes voisines comme l'allemande Lufthansa qui bénéficient, selon elles, d'un environnement fiscal et social plus favorable.

- Des compagnies 'fragiles' -

La hausse des "redevances et des taxes, leur transparence, sont cruciales. Car les compagnies aériennes sont fragiles", a estimé Mme Borne.

Pourtant le transport aérien ne s'est jamais si bien porté, avec une croissance exponentielle du trafic.

En 2017, 150 millions de passagers ont été recensés au départ et à l'arrivée des 120 aéroports métropolitains, soit un doublement en 20 ans.

Mais cette croissance "profite moins aux acteurs français qu'à leurs concurrents, 42% des passagers en France voyagent sur des compagnies françaises, contre 63% il y a 20 ans", selon des chiffres diffusées au cours des Assises.

En huit ans, la France est passée du 5e au 8e rang mondial en termes de revenu par passager kilomètre (RPK) et seulement 10% de la croissance du trafic aérien est captée par des compagnies françaises.

"On a besoin d'être moins handicapés. Il faut passer de la prise de conscience à l'action", a commenté le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, devant quelques journalistes.

"Il est important que les Assises créent la dynamique qui va permettre de convaincre le Premier ministre (Edouard Philippe) et le président (Emmanuel Macron) que c'est un secteur à qui il faut donner un environnement qui soit comparable à celui des autres pays européens", a-t-il ajouté, citant l'Allemagne.

Les Assises se dérouleront sur six mois avec des travaux autour de cinq thèmes de "performance": l'économie, les territoires, l'environnement, l'innovation et le social.

Elles se tiendront sous forme d'ateliers, de colloques et de groupes de travail jusqu'à début juillet. Une synthèse en sera tirée au cours de l'été. Elles seront clôturées en septembre.

Pour Mme Borne, la réussite de la "transition écologique" du secteur est également fondamentale alors que le transport aérien intérieur français "est à l'origine de 1,4% des émissions de CO2 de la France" et "représente 3,5% du secteur des transports".

Entre 2000 et 2016, les émissions de CO2 unitaires liées au trafic aérien ont baissé en moyenne de 1,9% par an, selon la ministre, qui a salué cette "maîtrise du niveau d'émission" tout en appelant le secteur à poursuivre ses efforts.

Elle a plaidé pour le développement des biocarburants mais aussi l'électrification de la propulsion comme, dans un premier temps, "un complément" puis à terme "une alternative envisageable à l'usage de l'énergie fossile".

La ministre a aussi évoqué les enjeux de l'innovation, avec la modernisation des systèmes de navigation aérienne et l'anticipation des modèles émergents comment le transport long-courrier à bas coût, une nouvelle menace pour les compagnies traditionnelles.

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