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Corruption autour de la plus haute tour de Monaco : prison requise en appel contre un élu

Le parquet général d'Aix-en-Provence a requis mercredi dans un dossier de corruption présumée autour de la plus haute tour de Monaco la condamnation en appel d'un ex-maire des Alpes-Maritimes et d'un intermédiaire, mais blanchi les promoteurs.

Dans ce dossier de délinquance en col blanc sur la Côte d'Azur, l'avocat général a requis deux ans de prison dont six mois ferme pour corruption passive contre Gérard Spinelli, l'ancien maire DVD de Beausoleil, limitrophe de la principauté, 50.000 euros d'amende et trois ans d'inégilibilité.

Il a réclamé la peine la plus lourde, 4 ans de prison dont la moitié ferme, et un million d'euros d'amende contre l'intermédiaire Ange-Roméo Alberti, accusé d'avoir été la cheville ouvrière de la corruption.

Le ministère public s'est cependant désisté des poursuites en appel contre les deux promoteurs de la tour, les frères Paolo et Claudio Marzocco. Fait rare, cette décision a été annoncée en dernière minute dans l'après-midi de mercredi, alors que l'avocat général avait le matin même demandé la relaxe.

"En l'état du dossier, les éléments relatifs à la démonstration de la culpabilité des frères Marzocco ne sont pas réunis", avait-il reconnu, soulignant toutefois leurs relations soutenues avec les autres acteurs du dossier.

L'instruction avait désigné ces Italiens résidents monégasques comme les principaux acteurs du dossier. Les enquêteurs pensaient qu'ils avaient fait corrompre le maire de Beausoleil pour qu'il facilite -- ou s'abstienne d'entraver -- le bon déroulement du chantier. Des sommes de plusieurs dizaines de milliers d'euros ont été évoquées.

Les avocats des frères Marzocco, dont Éric Dupond-Moretti, n'ont pas eu à la plaider et ont donc pu quitter l'audience, avec leurs clients. "Après des années de cauchemard, notre innocence est enfin reconnue", ont ensuite clamé ces derniers dans un communiqué.

Le parquet était pourtant lui-même à l'origine de ce procès en appel après les relaxes prononcées en faveur de tous les prévenus pour les faits de corruption, en première instance en janvier 2017 à Marseille.

Les promoteurs, et l'ensemble des prévenus, ont toujours nié ces accusations.

Prévenus en col blanc, rendez-vous dans des hôtels de luxe, banques en Suisse : ce dossier de la Tour Odéon, dont l'instruction a duré six ans, semblait emblématique des affaires financières sur la Côte d'Azur. Mais malgré des "milliers de pages" de procédure, d'écoutes et de surveillances, l'avocat général s'est dit mercredi "déçu de la qualité du dossier d'instruction".

Outre la corruption, Ange-Roméo Alberti, dit "Lino", intermédiaire aux méthodes opaques et aux déclarations contradictoires, est poursuivi pour des faits, distincts, de blanchiment d'abus de biens sociaux et de fraude fiscale, qui lui avaient valu trois ans de prison avec sursis et 100.000 euros d'amende en première instance.

Double gratte-ciel de 170 m de haut et 49 étages bâti à Monaco, à la frontière de la commune française de Beausoleil, la Tour Odéon comporte à son sommet un appartement "penthouse" sur 5 niveaux réputé parmi les plus chers du monde. Son chantier, initié en 2009, est évalué à plus de 500 millions d'euros.

La décision a été mise en délibéré au 20 février.

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