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Covid-19: pas de reconfinement immédiat, mais la France marche sur des oeufs

Pas (encore?) de troisième confinement mais des mesures de restriction renforcées: la France entre dimanche dans une nouvelle phase de la lutte contre l'épidémie de Covid-19, en se demandant combien de temps cette situation va durer.

La nouvelle mesure la plus visible pour les Français est la fermeture des centres commerciaux non-alimentaires de plus de 20.000 m2, annoncée par surprise vendredi soir par le Premier ministre Jean Castex, alors que le pays s'attendait à un reconfinement.

"Près de 400 centres commerciaux ou magasins sont concernés", a annoncé le ministère de l'Economie samedi, après une réunion avec les représentants du secteur.

Dans les centres commerciaux, les enseignes alimentaires pourront rester ouvertes, de même que les pharmacies, mais leur surface sera quand même prise en compte pour déterminer le seuil fatidique de fermeture: "Les 20.000 mètres carrés se calculent en additionnant l'ensemble des surfaces des commerces, alimentaires ou non", selon Bercy.

Des lieux emblématiques sont concernés, comme Le Forum des Halles à Paris, la Part-Dieu à Lyon ou Euralille à Lille.

"Si on veut réparer notre placard de cuisine, c'est aujourd'hui ou jamais", s'est exclamé samedi Anne Issac, une cliente tenant un sachet de rivets à la main, interrogée par l'AFP au BHV-Marais à Paris.

Si une forte affluence a été enregistrée dans les centres commerciaux concernés, des vendeurs ont jugé difficile de dire si elle était motivée par la fermeture prochaine ou par le fait qu'on était un samedi de soldes.

- "Annonces mineures" -

"J'ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble", a de son côté tweeté le Président de la République, Emmanuel Macron, en fin de journée.

Les indicateurs restent à un niveau élevé: près de 27.000 malades du Covid sont hospitalisés, pas loin des pics de la première et de la deuxième vagues (32.000 et 33.000). Environ 3.000 sont en réanimation, soit moins que les pics des précédentes vagues (4.900 à l'automne, 7.000 au printemps).

Pour tenter d'endiguer ce flot, près de 1,48 million de personnes ont pour l'instant reçu au moins une dose de vaccin, dont 41.000 qui ont eu les deux injections.

"La question d'un confinement se pose légitimement", avait déclaré vendredi soir Jean Castex lors d'une prise de parole inattendue, à l'issue d'un Conseil de défense autour d'Emmanuel Macron.

Mais "nous en connaissons l'impact très lourd sur tous les plans" et "nous pouvons encore nous donner une chance d'éviter le confinement", avait-il assuré.

Parmi les nouvelles mesures, le gouvernement a décidé de fermer les frontières aux pays extérieurs à l'UE à partir de dimanche 00H00, "sauf motif impérieux".

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a envoyé un télégramme aux préfets pour leur demander de "prendre sans délai toutes dispositions de nature à faire respecter très strictement ces nouvelles règles"

Mais toutes ces annonces ont été jugées trop faibles par certains élus de l'opposition.

"Je trouve particulièrement dangereux de jouer sur la corde psychologique des Français en faisant monter la menace du confinement ces derniers jours pour finalement envoyer à la volée un Premier ministre embarrassé faire des annonces mineures", a tweeté le chef de file des députés LR, Damien Abad.

Le choix de ne pas reconfiner, en tout cas pas encore, interroge également la communauté médicale. De nombreux experts sanitaires plaidaient pour une décision plus radicale face à la propagation du variant anglais plus contagieux, qui représenterait désormais 10% des cas en France.

- "Reculer pour moins bien sauter" -

"Ce n'est pas reculer pour mieux sauter, c'est reculer pour moins bien sauter: plus vous reculez, plus ça monte --et ça va monter--, et plus ça va être dur", a déploré samedi sur BFMTV le Pr Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

"C'est une stratégie équilibrée", a tempéré sur la même chaîne Frédéric Adnet, chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny. "Actuellement, l'hôpital se remplit petit à petit mais ce n'est pas une augmentation exponentielle".

Pour certains médecins, un reconfinement est toutefois inexorable.

"On voit bien qu'il y a une volonté d'attendre, probablement pour faire concorder une décision de restrictions supplémentaires avec les vacances de février", qui commencent le 6 février pour la zone A, a commenté sur LCI Bruno Megarbane, chef du service de réanimation médicale et toxicologique de l'hôpital Lariboisière à Paris.

"Ça va être un confinement d'au moins un mois, donc il faut peser la nécessité", a-t-il ajouté.

Les annonces du gouvernement ont toutefois fait des heureux, notamment chez les petits commerçants qui ne vont pas rejoindre pour l'instant les débits de boissons, restaurants et lieux culturels fermés depuis fin octobre.

Le gouvernement, "en conciliant exigences sanitaires et économiques, tire les leçons des premiers confinements. Des mesures de freinage plutôt qu'un confinement trop dur qui aurait provoqué un effondrement de l'économie", a réagi sur Twitter le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.

Des conséquences économiques auxquelles certains ont voulu échapper en contournant les règles: 24 restaurants clandestins ont été découverts jeudi et vendredi à Paris et vont faire l'objet d'une fermeture administrative de 15 jours, a indiqué samedi la préfecture de police (PP).

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