Accueil Actu

Crash du Rio-Paris: les familles des victimes se sentent "abandonnées"

Des familles de victimes du crash du Rio-Paris, qui se battent pour obtenir un procès contre Airbus et Air France, ont exprimé mercredi leur sentiment d'abandon et leur incompréhension après plus de huit ans d'enquête et une nouvelle expertise jugée trop favorable au constructeur.

"Il y a de tels intérêts politiques et économiques que cela donne l'impression qu'on passe les victimes par pertes et profits", a déclaré Me Alain Jakubowicz, avocat de l'association Entraide et Solidarité AF447, lors d'une conférence de presse mercredi à Paris.

En mettant surtout l'accent sur la responsabilité des pilotes d'Air France, la contre-expertise, remise fin décembre aux juges d'instruction à Paris, a suscité l'indignation de familles des victimes qui craignent de voir Airbus s'en servir pour éviter un procès.

Le 1er juin 2009, le vol AF447 s'était abîmé dans l'Océan Atlantique, au large du Brésil, tuant les 228 personnes à bord. Point de départ de la catastrophe ? Le givrage en vol de sondes Pitot, qui a conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l'Airbus A330 et désorienté les pilotes.

Ces sondes sont un élément clé de la bataille judiciaire que se livrent la compagnie et le constructeur, mis en examen depuis 2011 pour homicides involontaires.

"Si les sondes n'avaient pas givré, la catastrophe ne se serait pas produite. (...) D'où, selon nous, la responsabilité d'Airbus", a affirmé Me Jakubowicz, soulignant l'absence d'une alarme spécifique à ce problème.

"Les experts renvoient la responsabilité sur les pilotes qui ne sont plus là pour se défendre, pilotes qui sont aussi des victimes manipulés par des automatismes en total dysfonctionnement", a déclaré Danièle Lamy, la présidente de l'association qui regroupe quelque 360 proches des victimes.

Rendue en 2012, une première expertise avait pointé à la fois des défaillances de l'équipage, des problèmes techniques et un déficit d'information des pilotes en cas de givrage de ces sondes, malgré une recrudescence d'incidents antérieurs.

Ce premier rapport, "beaucoup plus complet" et "réalisé après une reconstitution du vol", est toujours au dossier, s'est félicité Me Jakubowicz, qui a aussi pointé du doigt la difficulté à choisir des experts indépendants dans le "monde confiné" de l'aéronautique.

Après plus de huit ans de procédure, "les familles des victimes ont le sentiment d'être abandonnées, alors que ça nous concerne tous", a témoigné l'avocat. "Que chacun soit bien conscient qu'une catastrophe collective n'arrive pas qu'aux autres", a ajouté Danièle Lamy.

À lire aussi

Sélectionné pour vous