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Rolls-Royce supprime 4.600 emplois et espère redécoller

Le groupe industriel britannique Rolls-Royce va supprimer 4.600 emplois en deux ans, afin de réduire des échelons administratifs et se relancer pour devenir le leader mondial des moteurs d'avions long-courrier.

Le fabricant de réacteurs pour Airbus et Boeing connaît des difficultés depuis quelques années et avait enregistré une perte nette record en 2016, due notamment à la chute de la livre sterling consécutive à la décision des Britanniques de voter pour le Brexit.

Il a déjà mis en place d'autres restructurations dernièrement, supprimant quelques milliers d'emplois, mais la cure d'amaigrissement annoncée jeudi est de loin sa plus sévère depuis le début du siècle alors que ses comptes sont pourtant nettement revenus dans le vert en 2017.

En janvier, Rolls-Royce avait déclaré qu'il pourrait vendre l'essentiel de ses activités de marine civile en difficulté, à la faveur d'une réorganisation annoncée en trois pôles aéronautique, défense et systèmes de propulsion et d'énergie.

Dans la foulée de cette première annonce, la nouvelle réorganisation "vise à réduire le nombre de niveaux d'encadrement et sa complexité", afin de favoriser des prises de décision plus rapides, a expliqué le groupe.

Le personnel de la hiérarchie intermédiaire dans les secteurs des ressources humaines et de la comptabilité sera en première ligne et le directeur général Warren East a assuré que cette restructuration serait invisible pour ses clients, le groupe entendant conserver intacte sa capacité de production.

Lors d'une conférence téléphonique, M. East a prévenu qu'une partie des emplois supprimés serait des départs contraints, même s'il a promis qu'il ne s'agissait pas de licenciements boursiers. "L'objectif n'est pas de donner de l'argent aux actionnaires mais de construire une organisation top niveau", a-t-il insisté.

Le groupe emploie 55.000 personnes dans une cinquantaine de pays, mais ce sont ses 26.000 employés du Royaume-Uni qui paieront le plus lourd tribut, avec quelque 3.000 suppressions de postes, notamment sur son site géant de Derby (centre de l'Angleterre).

"Cette annonce va ébranler les travailleurs de Rolls-Royce et leurs familles et pourrait avoir un lourd impact sur les communautés qui dépendent de ces emplois", a regretté un haut responsable du syndicat Unite, Steve Turner.

- Espoirs aéronautiques -

Le député de l'opposition travailliste Chris Williamson, représentant la région de Derby, a demandé "de donner une représentation aux travailleurs dans les conseils d'administration des entreprises, afin d'éviter de voir une société qui grandit et dispose d'un carnet de commandes bien rempli réduire sa main d'oeuvre".

Il s'agissait d'une proposition de la Première ministre conservatrice Theresa May, qui n'a pas été mise en oeuvre.

Son ministre de la Stratégie industrielle, Greg Clark, s'est toutefois voulu rassurant en soulignant que l'entreprise lui avait assuré qu'elle allait "continuer de recruter des ingénieurs, des techniciens et des apprentis".

Le groupe estime qu'à partir de la fin 2020, son nouvel organigramme lui coûtera 400 millions de livres de moins par an (455 millions d'euros).

Rolls-Royce reste très ambitieux pour son activité phare de fabrication de moteurs pour l'aviation civile. Il met en avant que sa part de marché des moteurs d'avions gros-porteurs, qui était de 22% il a dix ans, devrait dépasser les 50% dans les années à venir.

Pour Airbus, il conçoit et produit notamment des moteurs pour les familles d'avion long-courrier A330, A350 et A380. Pour Boeing, il fabrique notamment les Trent 1000 du 787 mais ces derniers sont soumis depuis ce printemps à des contrôles poussés du fait d'une inquiétude concernant des compresseurs, occasionnant quelques perturbations pour les compagnies aériennes clientes.

M. East a toutefois précisé que les suppressions d'emplois n'avaient "rien à voir" avec ce souci technique. Il a aussi mis en avant le potentiel du marché des moteurs d'avions en Chine.

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