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Très ferme, Macron réduit le 5 décembre à une défense des "régimes spéciaux"

Emmanuel Macron a choisi la fermeté vendredi à l'approche de la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites, qui selon lui mobilise "avant tout" les salariés bénéficiant de régimes spéciaux "d'une autre époque".

"Je porte un projet d'ambition pour notre pays et je n'y renoncerai pas", a affirmé le chef de l’État. Il a décrit la journée de mobilisation interprofessionnelle du 5 décembre comme un mouvement dominé notamment par "de grandes entreprises de transport", avec "des demandes catégorielles qui pénalisent le reste de la société".

"Embaucher de nouveaux jeunes dans le système historique, ça n'a plus aucun sens", a-t-il insisté. "Je ne vais pas expliquer au chauffeur de bus d'Amiens que sa retraite n'a rien à voir avec (celle) d'un chauffeur de la RATP !".

"C'est donc une mobilisation contre la fin les régimes spéciaux. Mais c'est l'engagement que j'ai pris devant les Français", a plaidé le chef de l’État lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite de deux jours dans la Somme.

Il a fustigé "certaines forces politiques qui jouent le désordre et la coagulation". "Il y a des gens qui disent que rien ne va et qui ne proposent rien", a-t-il martelé ensuite sur BFMTV.

Il a jugé "étrange" un appel à la grève contre une réforme "dont on ne connaît pas les termes exacts" et mis en garde "tous ceux qui essaient de jouer avec les peurs" et "prennent des responsabilités au regard de la démocratie".

"Le droit de manifester doit être respecté, dans un cadre, celui de la non-violence. Tous ceux qui franchissent cette ligne sont les ennemis du droit de manifester. Toute formation politique comme toute formation syndicale s'honoreraient à exprimer clairement ce distinguo", a-t-il répété.

- Retour risqué chez Whirlpool -

Durant deux jours, Emmanuel Macron a tout fait pour montrer que l'exécutif n'était pas fébrile à l'approche du 5 décembre, une échéance qui pourtant inquiète de nombreux responsables de la majorité.

Au cours d'une succession d'étapes, il est retourné "au contact" de la population dans sa ville natale d'Amiens, notamment lors d'un long bain de foule dans un quartier populaire.

Il a été sommé de s'expliquer lors de l'étape la plus délicate de son déplacement : le retour sur le site de l'ex-usine Whirlpool, devenue l'un des symboles de la casse sociale liée à la désindustrialisation.

Dans un hangar presque vide, il a discuté pied-à-pied pendant 1h30 avec des ex-employés en colère qui l'accusaient d'avoir été "berné" par le repreneur en liquidation. Cette reprise "a été un échec", a-t-il reconnu.

Le député LFI de la Somme François Ruffin l'a vivement interpellé: "je pense que vous vous grandiriez à admettre que vous avez merdé, que l’État a merdé", lui a-t-il lancé.

Le président a promis de revenir au maximum dans un an pour s'assurer que chaque ex-salarié avait une perspective, y compris en investissant sur le site pour réindustrialiser.

Cette rencontre sans filtre avec des salariés en détresse massés autour de lui s'annonçait à hauts risques. Mais les ex-Whirlpool étaient plutôt satisfaits de sa visite. "On a pu vider notre sac", a commenté une ex-salariée.

Dans l'entre-deux tours, Emmanuel Macron était déjà venu rencontrer les salariés de Whirlpool. Au milieu des pneus enflammés et des sifflets stridents, il avait réussi à établir un dialogue, juste après une visite surprise de Marine Le Pen qui l'avait défié de venir.

Le chef de l’État a enchaîné avec deux bains de foule dans un quartier populaire du nord d'Amiens, dans une ambiance plutôt bienveillante. Venu inaugurer la première antenne France Services, qui regroupe plusieurs services publics, il a répondu à ceux qui l’interpellaient sur des problèmes de pouvoir d'achat.

La veille, devant des étudiants, il avait déploré que la France soit un "pays trop négatif".

"On a l'impression si on s'écoute collectivement, si on branche la radio ou qu'on allume la télé, que tout est terrible", a-t-il déclaré en inaugurant le nouveau Pôle universitaire d'Amiens.

Vendredi matin, le chef de l’État s'est penché sur l'amélioration des dessertes ferroviaires dans la Somme, en s'entretenant avec le nouveau PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou.

Il a également annoncé la finalisation du financement, évalué à cinq milliards d'euros, du canal Seine-Nord, qui permettra le transport de marchandises par voie d'eau entre les pays du Benelux et la région parisienne. Ouverture prévue d'ici 2028.

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