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Dérembourser l'homéopathie: une "balance" entre considérations scientifiques et économiques

La décision de dérembourser ou non l'homéopathie dépend d'une "balance" entre les considérations "scientifiques" et "économiques", c'est-à-dire les conséquences sur l'emploi, a jugé mardi le porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.

"Il y a une balance qui doit être réalisée entre l'apport scientifique, ce qu'on sait scientifiquement de l'apport de l'homéopathie, des questions évidemment économiques, puisque derrière il y a des emplois, forcément, mais aussi (le) bien-être de la population française", a-t-elle assuré sur BFMTV et RMC.

La réponse scientifique a été apportée vendredi par la Haute autorité de santé (HAS): dans un avis très attendu, elle a estimé que les produits homéopathiques "n'ont pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d'un remboursement".

Mais la décision finale revient au gouvernement, qui peut suivre ou non l'avis de la HAS.

Les laboratoires homéopathiques assurent qu'un déremboursement menacerait 1.300 emplois (1.000 chez le français Boiron, leader mondial, et 300 chez les deux autres, le français Lehning et le suisse Weleda).

Ils sont soutenus par des élus de poids : le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez et le maire de Lyon Gérard Collomb (le siège de Boiron est en région lyonnaise), ainsi que Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France (où Boiron a un site).

La décision finale "n'a pas encore été prise par le gouvernement", a assuré Mme Ndiaye, en indiquant qu'il était "en train d'instruire" l'avis de la HAS, "y compris en interministérielle".

Vendredi, les trois labos ont demandé au gouvernement de "ne pas suivre" l'avis de la HAS, par la voix de la directrice générale de Boiron, Valérie Lorentz-Poinsot.

Elle a demandé un "débat parlementaire, suivi d'un débat public", en jugeant les conclusions de la HAS "totalement incohérentes avec les enjeux majeurs de santé publique".

A l'inverse, le collectif de médecins anti-homéopathie Fakemed a appelé l'exécutif à "suivre l'avis" de la HAS et "dérembourser l’homéopathie".

Une décision inverse "serait un revers majeur pour la crédibilité des institutions scientifiques de notre pays", a écrit le collectif dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé Agnès Buzyn et au président Emmanuel Macron, publiée par le journal L'Opinion.

Cela "serait la preuve que le lobbying et la connivence peuvent avoir raison contre les intérêts de la population, contre la santé et contre les finances de la solidarité nationale", selon le collectif.

Certains médicaments homéopathiques sont remboursés à 30% par la Sécurité sociale. Ce sont les seuls à l'être sans avoir prouvé leur efficacité scientifique, en vertu d'un statut dérogatoire.

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