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Deripaska quitte à son tour la direction de Rusal pour le protéger des sanctions

Le milliardaire russe Oleg Deripaska a quitté vendredi le conseil d'administration du géant de l'aluminium Rusal, qu'il contrôle, cédant à une pression croissante pour couper les ponts avec l'entreprise et la protéger des sanctions américaines le visant.

"Pour poursuivre les efforts entrepris par la direction du groupe pour protéger les intérêts de l'entreprise et de ses actionnaires depuis l'introduction des sanctions (du Trésor américain, ndlr), Oleg Deripaska, administrateur non exécutif, a présenté sa démission avec effet au 25 mai 2018", a annoncé Rusal dans un communiqué.

Depuis que Washington a inclus M. Deripaska dans une liste noire d'oligarques réputés proches du Kremlin, le groupe, producteur crucial pour l'approvisionnement des industriels du monde entier et employeur vital pour certaines villes russes, intensifie ses efforts pour convaincre Washington de sa détermination à prendre son indépendance.

Jeudi, Rusal avait déjà annoncé le départ en bloc de sa directrice générale Alexandra Bouriko et de la moitié du conseil d'administration, purgeant les instances dirigeantes de l'équipe nommée sous la houlette du milliardaire de 50 ans.

Mais ce dernier, s'il a promis de réduire sa participation capitalistique, n'avait pas officiellement démissionné, se contentant de promettre de ne pas se représenter à la prochaine assemblée générale des actionnaires fin juin.

Au départ, le Trésor américain avait décidé de sanctionner nommément les sociétés que M. Deripaska contrôle, notamment sa holding En+ et Rusal. Face aux risques de perturbations de ce marché essentiel pour l'industrie mondiale, Washington a ensuite annoncé vouloir épargner En+ et Rusal, leur donnant du temps supplémentaire pour que M. Deripaska réduise ses liens.

L'oligarque avait depuis démissionné de son poste d'administrateur d'En+.

Si sa démission de Rusal constitue une étape supplémentaire clé, "reste à voir si cela suffira à changer l'opinion des Etats-Unis", a tempéré Matt France, analyste de la maison de courtage Marex Spectron.

Car la condition essentielle est que M. Deripaska mette fin à son contrôle capitalistique.

"Ce n'est pas encore le cas", ont relevé les analystes de Commerzbank, voyant cependant dans sa démission "une nouvelle étape vers un apaisement de la situation sur le marché de l'aluminium".

En déstabilisant un producteur majeur pour l'offre mondiale, les sanctions américaines avaient fait bondir les cours de l'aluminium à leur plus haut niveau en sept ans en avril. Ils ont depuis diminué à nouveau.

Rusal emploie des dizaines de milliers de Russes, notamment dans des villes en mono-activité qui vivent de ses usines.

Le ministre russe des Finances Anton Silouanov avait assuré que l'Etat russe apporterait "un soutien sous forme de crédit aux conditions du marché" alors que les banques craignent de s'exposer à des mesures de rétorsions américaines en finançant l'entreprise.

Le conseiller au Kremlin Andreï Belooussov a indiqué vendredi, cité par les agences russes, que l'idée d'une aide sous la forme d'achats d'aluminium à Rusal avait aussi été évoquée.

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