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Des armes à l'acier, semaine chaotique à la Maison Blanche

Signaux contradictoires et confus sur les armes, improvisation et désaccords de fond sur l'acier et l'aluminium: la semaine qui s'achève a illustré jusqu'à l'absurde le chaos qui règne à la Maison Blanche.

Face aux tweets impulsifs de Donald Trump, ses coups de menton et ses annonces improvisées, son équipe tente de colmater les brèches, rectifier le tir et apaiser les inquiétudes d'une partie du camp républicain qui ne cache pas sa perplexité.

Exemple des discordances et de la difficile concertation au sein de l'exécutif, l'annonce jeudi de l'imposition prochaine de tarifs douaniers de 25% pour l'acier et de 10% pour l'aluminium a été faite... au pied-levé par le président américain en réponse à une question d'un journaliste.

Quels types d'acier seront concernés ? Quels pays seront touchés ? A quelle échéance ? Comme souvent depuis le 20 janvier 2017, ses proches n'étaient pas en mesure de répondre aux nombreuses questions posées par cette spectaculaire annonce.

Vendredi matin sa porte-parole Sarah Sanders a été contrainte de démentir --sans tout à fait convaincre-- les rumeurs sur un éventuel départ de Gary Cohn, conseiller économique de Trump et figure de l'administration, farouchement opposé à cette mesure.

"Gary était ici hier après-midi, je lui ai parlé à plusieurs reprises je n'ai aucune raison de penser" qu'il est sur le point de partir.

Furieux, le sénateur républicain du Nebraska Ben Sasse a dit sans détour ce qu'il pensait de l'initiative du magnat de l'immobilier. "Nous avons essayé plein de fois des taxes comme celles-ci au cours des deux derniers siècles. A chaque fois, les familles américaines ont souffert".

- En catimini avec la NRA -

Et en réponse au tweet matinal de Trump assurant que les guerres commerciales étaient "bonnes et faciles à gagner", d'autres républicains ont exhumé la vidéo d'un discours sur le libre-échange prononcé il y a 30 ans, par Ronald Reagan, héros et référence ultime d'une large partie de la droite américaine

Mettant en garde contre "une guerre commerciale destructrice" et l'illusion de "grandes lois protectionnistes brandies par certains à Washington", le 40e président des Etats-Unis appelait à "accroître les échanges entre les nations, pas les entraver".

Sur les armes, la confusion est totale, tant le locataire de la Maison Blanche a soufflé la chaud et le froid.

Lors d'un échange --ouvert à la presse-- avec des élus mercredi, il s'est posé en homme ouvert à toutes les propositions, bâtisseur de compromis.

Ironie, il a même reproché à un élu républicain de ne pas avoir le courage de tenir tête à la National Riffle Association. La remarque a fait sourire de la part de quelqu'un qui assurait il y a quelques mois aux membres du puissant lobby des armes qu'ils avaient "un vrai ami à la Maison Blanche".

Démocrates comme républicains s'interrogeaient: face à l'émotion suscitée à travers le pays face à la fusillade de Floride et la mobilisation des lycéens, Donald Trump aurait-il viré sa cuti sur ce sujet politiquement explosif ?

Les 48 heures suivantes n'ont fait qu'épaissir le brouillard. Le président a discuté en catimini avec la NRA jeudi soir, assurant après coup, d'un tweet laconique, que la rencontre avait été "excellente".

Chris Cox, l'un des dirigeants de l'organisation, a immédiatement rédigé un tweet victorieux laissant entendre que Trump était bien de son côté.

Donald Trump est-il, oui ou non, prêt à se battre pour relever de 18 à 21 ans l'âge minimum pour acheter un fusil d'assaut, mesure contre laquelle la NRA est vent debout ?

Vendredi matin, Sarah Sanders a de nouveau été contrainte à de spectaculaires contorsions, se bornant à souligner qu'il était toujours pour "sur le concept".

- '+Chaos+ est son deuxième prénom' -

A ces atermoiements, et à l'épée de Damoclès que représente l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'ingérence russe, s'ajoutent une cascade de départs dans le premier cercle du président. Et les rumeurs sur celui, imminent, de son conseiller à la sécurité nationale, le général H.R. McMaster.

Au milieu du tumulte, reste une question vertigineuse: en dépit du prestige des lieux, la Maison Blanche arrivera-t-il à attirer des pointures et de nouveaux talents, prêts à s'engager dans une aventure incertaine où ils ont vu tant d'autres se brûler les ailes depuis 13 mois ?

"Les gens ont compris que Trump était un patron très difficile", souligne Larry Sabato, politologue de l'université de Virginie.

"+Chaos+ est le deuxième prénom de Donald Trump", ajoute-t-il, jugeant très improbable un changement de ton et de style de la part du président septuagénaire.

Pour l'enseignant, l'équilibre des forces a peu évolué. "Une large majorité d'Américains ne l'aime pas et ne pense pas qu'il est un bon président. Une minorité déterminée d'environ 40% pense que Trump est le meilleur président qui soit".

"Bien sûr, si les démocrates s'écharpent et qu'il y a des candidats indépendants de poids en 2020, il peut être réélu avec ces 40%".

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