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Distribution: Carrefour et Système U main dans la main pour une centrale d'achats commune

Annonce surprise mercredi dans le monde de la distribution: Carrefour et Système U ont lancé des négociations exclusives pour créer une centrale d'achat commune, potentiel numéro un français, enterrant un précédent projet entre Système U, Auchan et Casino.

Avec cette alliance d'une durée initiale de cinq ans, Système U et Carrefour (lui-même en partenariat avec l'entreprise familiale Cora) deviendraient le numéro un français des achats dans la distribution avec 35% de parts de marché environ.

Cette centrale d'achat devrait être opérationnelle cet automne, en vue des négociations commerciales de 2019.

"En consolidant les liens historiques qu'elles ont construits avec le monde agricole, les deux enseignes souhaitent proposer aux filières agricoles un partenariat de référence", notent les deux groupes dans un communiqué. "Celui-ci sera construit autour des prix et des volumes pour procurer aux exploitants, dans la durée, une juste rémunération."

De son côté, une source proche a fait savoir que "chez Cora, on se réjouit de la perspective de l'accord avec System U".

Début avril, les industriels de l'agroalimentaire avaient fait part de leurs craintes après l'annonce d'une potentielle alliance Auchan-Casino-Système U, qui aurait pesé à peu près le même poids que cette coopération Carrefour-Système U sur le marché français de l'alimentaire.

Cette nouvelle annonce mercredi marque un nouveau coup de théâtre dans le monde des achats.

Contacté par l'AFP, un porte-parole d'Auchan Retail a toutefois assuré que cela "ne change absolument rien" à l'alliance entre Auchan (groupe familial Mulliez) et Casino.

"L'alliance entre Auchan et Casino était à la base ouverte à tous, Système U s'est retiré aujourd'hui, dont acte. Nous poursuivons normalement ce partenariat qui a une véritable dimension internationale et aboutirons comme prévu à un résultat d'ici fin juin", a-t-il ajouté.

- "inquiets et vigilants" -

Les industriels de l'agroalimentaire craignent eux un rapport de force déséquilibré, avec trois grosses centrales d'achats qui négocient des prix toujours plus bas face aux fournisseurs.

A date, l'alliance Carrefour-Système U représente environ 35% des parts de marché, quand celle liant Casino et Auchan pèse pour environ 21,9%. Leclerc, qui fait cavalier seul, émarge à 21%.

Dans leur communiqué, Carrefour, dont le PDG est Alexandre Bompard et Système U, présidée par Serge Papin, se veulent rassurants. Ils mettent en avant la "nécessité de reconstruire le partenariat historique entre la distribution et l'agriculture française" et s'engagent à "favoriser une répartition équitable de la valeur, de l'amont à l'aval".

Casino et Auchan avaient fait de même début avril, vantant les mérites d'une nouvelle alliance qui "constituerait un ensemble respectueux de l'intérêt de tous: consommateurs, agriculteurs et industriels".

Depuis trois ans, les grands distributeurs ont noué les uns après les autres des accords de partenariat à l'achat, dans le domaine alimentaire et non-alimentaire, afin de bénéficier d'un effet de volume lorsqu'ils négocient leurs conditions d'approvisionnement avec les fournisseurs.

Et ces partenariats successifs alarment les représentants de l'Association des industries alimentaires (Ania).

"On est assez inquiets et vigilants. L'annonce de ce matin ne change pas grand chose dans les faits, mais nous nous retrouvons toujours avec un mastodonte qui représente 35% de la distribution alimentaire", regrette l'association.

"Suite à tous ces mariages et à ces désunions, on a aussi des craintes sur les échanges d'informations confidentielles sur les conditions commerciales, qui peuvent intervenir entre les différentes entités qui s'unissent et se désunissent très rapidement", ajoute-t-elle.

L'Ania précise par ailleurs avoir "alerté la semaine dernière l'Autorité de la concurrence", pour "mettre en oeuvre tous les leviers par rapport à toutes ces alliances qui se créent aujourd'hui".

Le rééquilibrage des relations entre producteurs et grande distribution est déjà au coeur d'un projet de loi sur l'alimentation, qui sera examiné à l'Assemblée nationale à partir du 22 mai.

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