Accueil Actu

Donald Trump veut des "amis" au directoire de la Fed

Le président Donald Trump, dans un nouveau signe de mécontentement vis-à-vis de la politique monétaire de la Banque centrale américaine, veut résolument introduire deux de ses fidèles supporteurs au directoire de la Fed.

Il a annoncé jeudi avoir "chaudement recommandé" Herman Cain, un ancien dirigeant d'entreprise et homme politique controversé, pour devenir l'un des gouverneurs de la Réserve fédérale.

"C'est un homme hautement respecté, un ami à moi", a-t-il lancé dans le Bureau ovale. "C'est quelqu'un qui comprend ce qu'il se passe", a-t-il ajouté dans une nouvelle pique à Jerome Powell, l'actuel président de la Fed, qu'il avait accusé de "ne pas sentir" les marchés.

Alors qu'une année électorale se profile en 2020 et qu'un ralentissement économique mondial risque de peser sur l'économie américaine, Donald Trump ne pardonne pas à la Fed d'avoir augmenté les taux à la fin de l'année dernière.

Cela rend les crédits plus chers et peut mécontenter les consommateurs, qui sont aussi des électeurs.

- Chaîne de pizzas -

Le nouveau choix du président, Herman Cain, qui a dirigé une chaîne de pizzas dans les années 1980 (Godfather's Pizza), a aussi été directeur de l'antenne régionale de la Fed de Kansas City au début des années 1990.

Il est connu pour s'être présenté comme candidat à la nomination du parti républicain pour l'élection présidentielle de 2012, mais sa candidature avait été torpillée par des accusations de harcèlement sexuel, qu'il a récusées.

En septembre dernier, cet afro-américain de 73 ans a créé un comité d'action de soutien politique à Donald Trump.

Alors que deux postes de gouverneurs sur sept restent à pourvoir, Donald Trump a déjà indiqué avoir aussi pressenti Stephen Moore, un ancien conseiller de campagne et commentateur économique, pour un poste de gouverneur.

Cet économiste de 59 ans, connu pour des prises de position controversées sur les choix monétaires de la Fed, fait toutefois face à des interrogations d'élus sur des problèmes d'impôts impayés pour quelque 75.000 dollars.

Si le président a la prérogative de désigner les gouverneurs de la Fed, ses choix doivent être confirmés par le Sénat.

Commentateur économique, membre d'un centre de réflexion conservateur, M. Moore a bousculé les normes en plaidant haut et fort, à la radio et dans les journaux, pour une baisse des taux d'intérêt alors que l'économie américaine est en croissance.

Sous l'administration Obama pendant la crise financière, il avait en revanche pris une position opposée, critiquant les baisses de taux qui allaient, selon lui, relancer l'inflation.

- "Pas un pantin" -

Début mars, un de ses éditoriaux dans le Wall Street Journal, intitulé "la Fed, une menace à la croissance", aurait accroché le regard de Donald Trump.

Cet ami de Larry Kudlow, conseiller économiste en chef de Donald Trump, prône une réduction d'un demi-point de pourcentage des taux d'intérêt alors que la Fed, qui a finalement déclaré une pause dans les hausses des taux, les a encore relevés une dernière fois en décembre.

"Si M. Moore est confirmé, cela va donner à la Maison Blanche une courroie de transmission directe à la Fed", a récemment estimé Greg Vallière, économiste à Horizon Investiments. "Cela va intensifier les inquiétudes des marchés sur l'indépendance de la Fed", a-t-il indiqué au Washington Post.

Mais à la Maison Blanche, on assure que Stephen Moore a son quant à soi.

"Cette idée que Stephen serait un partisan mis à ce poste pour politiser la Fed est fausse", a assuré en début de semaine Kevin Hassett, économiste de la Maison Blanche.

"Quiconque a jamais essayé de dire à Steve ce qu'il devait penser n'a jamais réussi", a-t-il poursuivi, assurant qu'il n'était "pas un pantin".

À lire aussi

Sélectionné pour vous