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Emplois francs: Pénicaud défend un dispositif de lutte contre les "discriminations"

Les emplois francs permettront aux habitants des quartiers, victimes de "discriminations à l'embauche", "de remonter la file d'attente vers l'emploi", a assuré mardi la ministre du Travail Muriel Pénicaud, lors du lancement officiel du dispositif à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

"Aujourd'hui, un habitant des quartiers prioritaires de la politique de la ville a trois fois moins de chances qu'un autre de trouver un emploi", a déploré la ministre, assurant que les emplois francs allaient permettre "d'inverser cette fatalité".

Mme Pénicaud, accompagnée du ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard et du Secrétaire d'Etat Julien Denormandie, s'est rendue dans une agence Pôle Emploi de cette ville emblématique des banlieues, où ont éclaté de violentes émeutes urbaines en 2005.

Les ministres ont assisté à la signature de trois premiers contrats entrant dans le cadre du dispositif. Le principe : l'employeur se voit délivrer une aide de 5.000 euros par an sur trois ans s'il embauche en CDI une personne résidant dans un quartier prioritaire et 2.500 euros sur deux ans pour la signature d'un CDD.

Déjà testée sous le quinquennat de François Hollande, la mesure avait fait un flop. Elle est expérimentée sous une nouvelle forme depuis le 1er avril en Seine-Saint-Denis, Seine-et-Marne, Val-d'Oise, Essonne, à Lille, Marseille et Angers.

Parmi les signataires mardi : le patron d'un salon d'esthétique implanté à l'aéroport de Roissy, la responsable d'une association d'insertion professionnelle, ou le directeur d'un supermarché. "L'argent des emplois francs nous permet de former le salarié que nous avons embauché et qui a des difficultés d'élocution" en français, a expliqué à l'AFP, Julien Troullé, le directeur de l'hypermarché.

"En 18 jours, 280 contrats ont été signés sur tout le territoire", contre "300 en 18 mois" lors de la dernière tentative, s'est félicité Jacques Mézard.

"Nous avons tiré les leçons" de l'échec de la formule mise en place sous le précédent quinquennat, a ajouté Muriel Pénicaud. Les emplois francs nouvelle version ne sont plus limités aux salariés de moins de trente ans. Autre nouveauté, n'importe quelle association ou entreprise peut y recourir, même si son siège n'est pas situé dans les quartiers ciblés.

L'objectif est de signer entre 12.000 à 15.000 contrats cette année. L'expérience doit être généralisée à partir de 2020.

Le "retour sur le chemin de l'emploi de personnes qui en sont éloignées" ne pourra se faire qu'avec une "somme de dispositifs", à de son côté mis en garde Olivier Klein, maire PS de Clichy-sous-Bois et président de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). S'adressant aux ministres présents à ses côtés, il a dénoncé la "suspension des emplois aidés", décidée par le gouvernement en août, et a plaidé pour que soit "réinventé quelque chose de complémentaire" aux emplois francs.

Stéphane Troussel, président PS du département, a de son côté dénoncé dans un communiqué une "mesure gadget" qui ne répond pas aux "attentes des quartiers populaires". A quelques semaines de la remise au président Macron d'un très attendu "rapport Borloo" sur les banlieues, le président du département a réclamé un "investissement massif et prolongé" pour les quartiers.

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