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En Chine, les boursicoteurs parient sur "l'empereur" Xi Jinping

Les investisseurs chinois, réputés superstitieux, se sont rués lundi pour acheter sur les Bourses locales les actions d'entreprises comprenant les mots "impérial" ou "empereur" dans leur nom, à l'heure où un changement constitutionnel doit faire de Xi Jinping un possible président à vie.

Le Parti communiste chinois (PCC) a proposé de supprimer de la constitution la limite de deux mandats présidentiels -- ce qui permettrait à M. Xi, président de la République populaire depuis 2013, de rester à la tête du régime autant qu'il le souhaite... tel un "empereur rouge".

Souvent impulsifs et suivistes, les millions d'investisseurs individuels qui dominent les Bourses chinoises -- dont beaucoup de retraités -- ont bien pris note de cette proposition de modification constitutionnelle dévoilée dimanche.

Une demi-douzaine d'entreprises comprenant le mot "empereur" ("di" ou "huang-di") dans leur nom en mandarin ont vu leur titre s'envoler lundi sur les Bourses de Shanghai et Shenzhen...

Le fournisseur de cartes d'identification Shenzhen Emperor Technology a ainsi clôturé sur un bond de quelque 7%, après avoir grimpé de plus de 9% en séance.

Coté à Shanghai, le producteur de pattes de poulet marinées Jiangxi Huangshanghuang (phonétiquement: "Empereur des empereurs") a terminé sur une hausse de 2,93%, tandis que Harbin Viti Electronics (dont le nom chinois est Weidi, "empereur puissant") gagnait 4,43%.

Vatti Corporation ("Empereur chinois" en mandarin), un fabricant de lave-linges et d'appareils électroménagers, a vu son titre progresser à Shenzhen de 1,74%, tandis que "Shanghai Emperor of Cleaning Hi-Tech" engrangeait 3,32%.

Des performances dans l'ensemble très supérieures au reste du marché: l'indice composite de la Bourse de Shanghai s'est apprécié de seulement 1,23% (40,55 points).

Parfois mal informés et réagissant au quart de tour aux gros titres des médias, les boursicoteurs chinois s'emballent souvent pour des actions dont ils ne connaissant pourtant que le nom... considéré par eux de bon augure. Et ce, sans se préoccuper des fondamentaux économiques.

Quand Donald Trump a été élu à la Maison Blanche, une entreprise dont le nom était homonyme de la formule "Trump gagne gros" en mandarin avait vu son titre bondir soudainement.

Mieux encore: subissant le ralentissement économique, des dizaines de groupes manufacturiers et miniers s'étaient rebaptisés en 2014 et 2015 avec des noms évoquant des activités de haute technologie ne représentant qu'une fraction minuscule de leurs revenus.

Le stratagème a parfois permis à leurs titres en Bourse de s'envoler, contre toute évidence et en dépit de piteux résultats.

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