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En Inde, des ventes de Diwali moroses

À la place des traditionnels cadeaux onéreux et clinquants que lui envoient normalement chaque année ses relations professionnelles, l'homme d'affaires indien Bibhas Chakraborty s'attend à ne recevoir que des friandises et des noix pour Diwali.

La fête des lumières hindoue de Diwali est aux commerces d'Inde ce que la haute saison de Noël est à leurs équivalents occidentaux: l'époque où les gens offrent des cadeaux autour d'eux. Mais avec le ralentissement économique du géant d'Asie du Sud, les ventes s'annoncent moroses cette année.

"Avant, la qualité des cadeaux que nous recevions était meilleure et comprenait souvent des cadres photos ou des récipients plaqués d'or et d'argent", raconte à l'AFP Bibhas Chakraborty, résident de Bombay de 48 ans.

"Les friandises habituelles ont remplacé la joie d'ouvrir les emballages pour découvrir des surprises", témoigne-t-il. "Ça a enlevé pas mal de lustre au festival".

L'industrie des présents tourne normalement à plein régime en Inde à l'automne pour faire face à la hausse de la demande liée à Diwali qui, cette année, survient dimanche.

Au-delà les cadeaux destinés aux proches, il est de bon ton dans le monde des affaires d'utiliser ce rituel annuel pour entretenir ses relations avec ses partenaires, tout en évitant d'être accusé de corruption.

Mais la croissance de la troisième économie d'Asie est tombée à 5% en glissement annuel sur le trimestre avril-juin, un rythme bien en-dessous de ses capacités et besoins.

L'agence Moody's s'attend désormais à une croissance de 5,8% en Inde pour l'exercice 2019-2020 (1er avril-31 mars), tandis que la banque centrale indienne table elle sur une progression de 6,1%. À titre de comparaison, l'économie indienne avait connu une croissance de 7,2% en 2017-2018.

- Pas de bonus -

Ce ralentissement se fait notamment sentir dans le marché de Mangaldas à Bombay, où les rues sont bordées de boutiques offrant des réductions pour la saison des festivals hindous.

Propriétaire de Rainbow Dry Fruits, Jatin Shah est un homme inquiet. En anticipation de l'affairement de Diwali, cet entrepreneur a embauché vingt travailleurs temporaires pour compléter son équipe de quinze personnes. Or les clients ne sont pas au rendez-vous.

Les années précédentes, "nous travaillions jusqu'au matin. Maintenant les commandes sont plus basses en taille et en nombre, nous finissons le travail et fermons boutique à 22h", relate-t-il à l'AFP.

Même les commandes pour les présents les plus modestes - des petites boîtes d'amande, noix et noix de cajou - ont diminué de moitié, témoigne-t-il. Avec un chiffre d'affaires annuel en baisse de 35%, il n'a pas les fonds pour donner aux employés leur bonus de Diwali, une autre tradition.

"Diwali n'est pas seulement le festival des lumières, cela représente également la prospérité économique", se désole Jatin Shah. Les hindous marquent Diwali en priant la déesse de la richesse Lakshmi.

Des cookies aux voitures, tous les secteurs semblent affectés par la morosité du moral des ménages.

Certaines de plus grandes sociétés du pays ont drastiquement réduit leur budget de cadeaux de Diwali, explique Ritu Grover, PDG de TGH lifestyle, une entreprise spécialisée qui travaille notamment avec le géant des télécoms Airtel et l'entreprise informatique Wipro.

"La réduction des cadeaux d'entreprises est un indicateur du ralentissement économique et il n'y a aucune ambiguïté sur ce point", explique N. Chandramouli, analyste de TRA Research.

"Tous les indicateurs montrent que ce sera un mauvais Diwali cette année."

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