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En meilleure forme que prévu, le bâtiment défend ses intérêts avant le budget

Deux semaines avant la présentation du budget de l'Etat, le secteur du bâtiment tente encore d'éviter des arbitrages défavorables même s'il admet que ses inquiétudes pour l'activité ont, pour l'heure, été un peu excessives.

"C'est une bonne surprise, parce que l'activité tient", a résumé mardi Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), principale organisation du secteur, lors d'un bilan de rentrée.

La fédération s'attendait jusqu'alors à une année morose, avec un léger déclin (-0,5%) de l'activité du bâtiment. Finalement, elle prévoit une petite progression (+1,3%).

Principale explication, le marché du logement neuf et, en particulier, des maisons s'est nettement mieux comporté que prévu, malgré la tendance générale à un déclin de la construction depuis deux ans.

Selon la fédération, les ventes de maisons ont rebondi depuis le début d'année et encore accéléré ces derniers mois, laissant attendre une reprise de la construction.

L'activité "tient d'abord parce qu'il y a un marché", s'est félicité M. Chanut, alors que le gouvernement a récemment admis qu'il assumait des mesures de nature à décourager la construction de maisons en périphérie des villes.

Ce n'est, d'ailleurs, pas l'exécutif que la fédération tient responsable de ce regain d'activité: "pour une fois, on peut dire +Merci les banques+", a plutôt ironisé M. Chanut.

De fait, les conditions de crédit sont historiquement favorables pour les ménages français, alors que persiste la politique exceptionnellement accommodante de la Banque centrale européenne (BCE).

"Personne n'avait envisagé il y a neuf mois qu'il y aurait des taux de crédit qui continueraient à diminuer", a insisté le président de la FFB.

Selon certains économistes, toutefois, le rebond des ventes de maisons pourrait aussi être dû à un élément ponctuel: un effet d'aubaine avant l'extinction du prêt à taux zéro (PTZ) l'an prochain dans les zones "détendues", où domine le logement individuel.

- La rénovation stagne -

C'est dans le budget 2020, dont la présentation est prévue le 25 septembre, que l'avenir de cette aide à la propriété doit être précisé, parmi de multiples sujets sensibles pour le bâtiment.

A ce titre, la fédération a multiplié mardi les appels du pied pour que le gouvernement adoucisse des arbitrages qui s'annoncent défavorables au secteur.

Le PTZ, par exemple, va être supprimé dans "une zone qui est essentielle pour le marché des ménages modestes", a affirmé M. Chanut, assurant que des "discussions" avaient encore lieu avec le ministère du Logement pour "pérenniser" une forme d'aide.

Autre grand sujet budgétaire pour le bâtiment, la réforme des aides à la rénovation énergétique inquiète la fédération, qui ne s'attend qu'à une stagnation de l'activité cette année dans la rénovation et l'entretien.

Le gouvernement va transformer un système de crédit d'impôt, qui impose un délai pour profiter de l'aide, en prime, qui peut être obtenue immédiatement. Mais malgré la volonté de rendre ce fonctionnement plus incitatif, le bâtiment craint qu'il devienne moins lisible.

"On ne va pas vers une simplification du système", a regretté M. Chanut. "Clairement, pour nous le compte n'y est pas sur ce qui a été présenté."

Surtout, la fédération s'oppose à l'exclusion probable des ménages les plus aisés: le gouvernement ne l'a pas confirmée officiellement mais met déjà en avant un "recentrage" sur les plus modestes.

"Nos compatriotes qui ont plus de revenus, (...) il faut peut-être profiter de ce niveau de revenus pour les inciter à faire des travaux maintenant, de manière globale", a avancé M. Chanut.

Enfin, le secteur continue à plaider sa cause avant la suppression programmée d'avantages fiscaux, et notamment, sur un carburant utilisé dans le secteur, le gazole non routier (GNR): les organisations du secteur devraient obtenir un étalement de la mesure sur plusieurs années.

La fédération se montre attentiste sur l'avenir d'un autre avantage, la "déduction forfaitaire spécifique" visée voici quelques mois par Edouard Philippe, Premier ministre, et sur lequel l'exécutif doit encore préciser ses arbitrages.

Généralisée dans le secteur, elle permet à l'entreprise de déduire une part du salaire brut du montant sur lequel sont calculées les cotisations. Le salarié bénéficie ainsi mécaniquement d'un salaire net plus élevé, même si les moindres cotisations lui ouvrent à terme moins de droits.

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