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En Moselle, syndicats et salariés "unis pour sauver Smartville"

"C'est le combat de notre vie": les salariés du site Smart à Hambach (Moselle) s'inquiètent pour leur avenir et n'ont guère obtenu de réponses à l'issue du CSE jeudi avec des représentants de Daimler, qui a annoncé son intention de vendre le site.

"Les réponses sont parfois évasives, parfois pas précises", annonce Patrick Hoszkowicz, délégué CDFT, avant de faire un compte-rendu du comité social et économique (CSE) extraordinaire, aux salariés rassemblés devant la porte principale de l'usine.

L'intersyndicale (CGT, CFE-CGC, CFTC, CFDT et FO) a interrogé pendant deux heures les deux représentants de Mercedes-Benz, venus de Stuttgart (Allemagne) pour le CSE, auquel assistaient aussi deux représentants de Smart France.

"On ne sera pas le seul site de production (du groupe impacté par la pandémie de Covid-19), il y aura d'autres décisions de ce type à venir dans les prochains mois", leur a-t-on expliqué selon M. Hoszkowicz.

Les salariés du site mosellan, baptisé "Smartville" et berceau historique de la petite voiture depuis 1998, ont appris vendredi dernier l'intention de Daimler, propriétaire des marques Smart et Mercedes, de revendre l'usine en raison d'une situation financière difficile et d'une "réorientation des capacités de (son) réseau de production global".

Le constructeur allemand avait annoncé au printemps 2019 la fin de la production de la Smart, délocalisée en Chine à partir de 2022. A la place, un modèle électrique haut de gamme Mercedes devait être fabriqué à partir de l'automne 2020.

Quelque 500 millions d'euros avaient été prévus pour les travaux de transformation, presque achevés.

- "Usine verte" -

Le groupe britannique Ineos a annoncé mardi négocier avec Daimler le rachat du site de Hambach pour y produire son futur 4X4 Grenadier. Le géant de la pétrochimie possède déjà une usine à Sarralbe, commune située à quelques kilomètres de Hambach.

"Notre seul objectif, c'est la garantie des emplois de tout le monde. C'est le combat de notre vie", insiste Mario Mutzette, représentant CFE-CGC.

Selon les syndicats, la vente pourrait intervenir en 2021.

Pour Daimler, "Ineos est le candidat idéal. On a senti que ces personnes avaient envie d'aller très vite. Quand on leur dit qu'il y a d'autres possibilités, ils ne répondent pas. Ils ne cherchent aucune autre solution. La seule réponse qu'ils ont en permanence c'est: Ineos. Ils doivent nous proposer des projets qui sont cohérents avec le site", note Emmanuel Brenner, de la CFTC.

"On est une vitrine de l'électrique, une usine verte, donc on ne voit pas comment on arrivera à un véhicule thermique, un gros 4X4 qui consomme énormément. Je le sens très mal", confie Denis Weintz pour la CFE-CGC.

Vers 10H30, les salariés ont débrayé pour se rassembler devant le centre de communication où avait lieu le CSE.

"Tout le monde est là pour faire remarquer notre déception. Personne ne s'y attendait. Certains, comme moi, étaient contents d'être assis sur une chaise quand ils ont appris la nouvelle pour ne pas tomber", témoigne un salarié de la logistique.

Nombre d'entre eux, visage grave et masque sur la bouche, portaient un tee-shirt noir avec au dos l'inscription "Smart 2020".

- "On a peur" -

"On a fêté les 20 ans de la Smart en 2018, Smartville, c'est notre vie", raconte une femme âgée de 40 ans, employée depuis 1997. "Avec la Mercedes, on avait une sérénité d'aller jusqu'à la retraite. On a peur".

"Il y a tout le monde, les ateliers, les bureaux, les responsables. C'est rare. On est tous unis pour sauver Smartville", souligne une employée au montage de 32 ans.

"Tout le monde est abattu. Mercedes, c'était un projet d'avenir, la récompense de notre travail, la reconnaissance de Mercedes", observe un responsable, quinquagénaire.

Les salariés avaient approuvé en 2015 un plan de compétitivité baptisé "Pacte 2020", prévoyant le retour à 39 heures de travail hebdomadaires, payées 37, avec un rétablissement des 35 heures en 2020.

"Il devait être clôturé (cette année) et ils nous font ça... C'est déroutant", constate le salarié de la logistique.

"Daimler doit rendre des comptes!", avertit Thomas Di Francesco, représentant CGT.

Les salariés ont repris le travail à 15H00 et envisagent des actions dans les prochains jours.

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