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En pleine grève, les ouvriers de General Motors peinent à joindre les deux bouts

Betty Johnson, après 34 ans de labeur sur les chaînes d'assemblage du constructeur automobile américain General Motors dans le Michigan et le Tennessee, savait qu'une grève serait synonyme de nombreux sacrifices personnels.

"Ce n'est pas facile", lance-t-elle en fin de semaine dernière devant un piquet de grève situé à l'usine d'assemblage de Detroit-Hamtramck.

"Il me reste 45 dollars de mon enveloppe de 250 dollars d'indemnités de grève", ajoute-t-elle, évoquant la fraction de salaire que reçoivent chaque semaine les employés grévistes de l'entreprise.

"Je m'apprête à piocher dans mes économies de retraite".

Près de 50.000 salariés américains de GM syndiqués sont en grève depuis le 16 septembre à l'appel du syndicat UAW (United Auto Workers). Ils réclament des hausses des salaires et l'amélioration de la situation des salariés embauchés après le sauvetage historique du groupe de la faillite en 2009 par l'administration Obama.

Samedi, l'UAW a annoncé une hausse de 25 dollars de l'indemnisation hebdomadaire à 275 dollars et surtout l'autorisation de travailler à temps partiel ailleurs que chez GM, sans voir cette enveloppe amputée, "à condition d'aider à tenir les piquets de grève", précisé un communiqué du syndicat.

"Ces décisions montrent l'engagement de l'UAW et la solidarité avec tous ses membres et leurs familles, qui se sont unis dans un mouvement courageux pour défendre ce mode de vie de la classe moyenne", a déclaré Gary Jones, le président du syndicat.

Les revendications des grévistes portent sur la sécurité de l'emploi mais aussi l'assurance santé et le statut des intérimaires.

Mais il est de plus en plus difficile pour eux de continuer à vivre décemment avec très peu de revenus.

Betty Johnson a d'ores et déjà contacté l'United Way, une organisation caritative, pour obtenir un soutien financier dans le paiement de ses factures d'énergie et de son prêt hypothécaire.

- Nourriture gratuite -

"Je ne sais pas comment on peut nourrir cinq enfants avec 250 dollars par semaine", lâche-t-elle, ajoutant que les intérimaires sont encore plus mal lotis avec leur salaire horaire de 16,5 dollars, d'après l'UAW.

Président de la section locale 5960 de l'UAW dans la banlieue de Detroit et employé d'une usine où GM fabrique des véhicules électriques, Louis Rocha a observé l'importance du soutien de la communauté dans ce contexte difficile.

La section propose à tous moments de la journée des repas gratuits, grâce aux dons des entreprises locales, des églises et des particuliers. Des pizzas ont par exemple été distribuées chaque jour depuis le 16 septembre, affirme-t-il.

Selon lui, l'entraide est visible à de nombreux niveaux, à l'image d'un vétérinaire qui a proposé d'opérer gratuitement le chat d'une famille et d'éviter ainsi l'euthanasie.

Le vice-président de cette section 5960, Gerald Lang, pense même que les cadres de GM ont sous-estimé la faculté des ouvriers à se serrer les coudes pendant ce mouvement de grève.

Mais malgré cette entraide, les employés mécontents doivent trouver des manières de s'en sortir financièrement et de rogner sur les dépenses.

Diana Reed, qui travaille pour GM depuis cinq ans et est également membre de la section 5960, affirme avoir commencé à fouiller sa maison à la recherche d'objets en tous genres à vendre en ligne.

Pour tenir, cette mère célibataire de cinq garçons affirme que les trois ainés, des employés, aident à payer les factures, tandis que les deux plus jeunes, à l'université, ont interrompu leurs études pour lui éviter les frais de scolarité.

"Est-ce que je le vis mal ? Oui. Mais c'est une concession à faire", ajoute-t-elle.

Diana Reed, qui donnait auparavant à des banques alimentaires, se retrouve désormais à accepter des dons de nourriture.

"J'ai dû ravaler ma fierté et cela a été dur. Mais ce qui m'a aidé à le faire a été de penser à mes garçons."

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