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Espagne: Sanchez joue une nouvelle carte pour tenter de lever le blocage

Après l'échec de sa reconduction au pouvoir en juillet, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez tentait une nouvelle fois mardi de convaincre la gauche radicale de le soutenir afin d'éviter la convocation de nouvelles élections.

Le socialiste cherche désormais à négocier avec Podemos un simple "pacte" de gouvernement en échange de l'appui de cette formation à son investiture mais sans laisser entrer ses membres au sein de l'exécutif.

Un gouvernement de coalition, sur lequel les deux partis ont tenté de se mettre d'accord en juillet, "n'était pas viable et ne l'est toujours pas", en raison de "grandes divergences", a martelé M. Sanchez en dévoilant à Madrid un "programme commun progressiste" qui doit servir, selon lui, de base à la négociation d'un pacte avec Podemos.

L'Espagne a besoin "d'un gouvernement fort" face aux conséquences du Brexit, du "ralentissement de l'économie" ou de l'indépendantisme catalan, a-t-il ajouté.

L'horloge tourne alors que de nouvelles élections seront convoquées pour le 10 novembre si le Parlement ne reconduit pas M. Sanchez avant le 23 septembre. Un tel scrutin serait le quatrième en quatre ans.

Arrivé au pouvoir en juin 2018 à la faveur d'une motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy, M. Sanchez a remporté les élections du 28 avril. Mais avec 123 députés socialistes sur 350, il reste loin de la majorité absolue et a besoin de l'appui d'autres formations dont Podemos qui dispose de 42 sièges.

Le 25 juillet, M. Sanchez avait échoué à obtenir la confiance de la Chambre des députés pour rester au pouvoir, faute d'être parvenu à un accord de coalition avec Podemos.

C'était la deuxième fois qu'il échouait à se faire élire chef du gouvernement, après un précédent revers en 2016. Podemos avait à l'époque refusé de soutenir son accord avec les libéraux de Ciudadanos, ce qui avait provoqué de nouvelles élections remportées par la droite.

"Les conditions ne sont pas réunies pour que nous soyons alliés au sein du gouvernement. Mais cela ne doit pas pour autant nous transformer en adversaires. Nous pouvons être des alliés loyaux comme nous l'avons déjà été par le passé", a poursuivi M. Sanchez. Podemos a appuyé la motion de censure l'ayant propulsé au pouvoir il y a un an.

- "Humiliations" -

Afin de tenter de convaincre la gauche radicale, M. Sanchez a proposé la mise en place de mécanismes de contrôle d'un éventuel pacte de gouvernement et a évoqué la nomination de membres de Podemos à la tête d'institutions publiques.

Podemos campe toutefois sur ses positions et veut entrer au gouvernement.

"Ils ne peuvent pas prétendre nous humilier plus. Nous avons accepté suffisamment d'humiliations", a tonné mardi son chef, Pablo Iglesias.

Pour les analystes, le risque de nouvelles élections ne sera évité que si l'une des deux formations fait des concessions.

"Ou une solution intermédiaire est trouvée (entre la volonté des socialistes et celle de Podemos) ou on va vers de nouvelles élections", juge Cristina Monge, politologue à l'Université de Saragosse, selon qui Podemos est la formation ayant le plus à perdre en cas de nouveau scrutin.

"Tout est possible mais dans tous les cas, cela se décidera à la dernière minute", estime pour sa part Oriol Bartomeus, politologue à l'Université autonome de Barcelone.

"La question clé est de savoir si le PSOE (Parti socialiste) a intérêt à ce que de nouvelles élections aient lieu. Si tel est le cas, nous serions face à une mise en scène. Et nous ne savons pas si ce qui a lieu aujourd'hui est un pas en avant vers une négociation ou un mensonge pour dire +j'ai essayé+", ajoute-t-il.

Selon trois sondages publiés lundi par les médias espagnols, les socialistes pourraient sortir renforcés d'un nouveau scrutin. Mais le blocage ne serait pas levé pour autant, l'appui de Podemos leur étant toujours indispensable pour disposer de la majorité.

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