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La Chine lève le dernier verrou sur la fusion Essilor-Luxottica

Les dirigeants du groupe français Essilor et de l'italien Luxottica peuvent respirer: un régulateur chinois a approuvé jeudi leur projet de fusion, levant ainsi le dernier obstacle réglementaire à l'opération, que le PDG d'Essilor prévoit désormais de finaliser vers fin septembre.

La Chine faisait partie des cinq juridictions dont l'approbation était une condition suspensive à la réalisation de la fusion. Les deux groupes avaient déjà obtenu le feu vert des autorités de la concurrence de l'Union européenne (UE), des Etats-Unis, du Canada et Brésil, mais celui de Pékin a pris plus de temps que prévu.

Le régulateur chinois a cependant tenu à assortir sa décision de "conditions restrictives", afin de "réduire l'impact négatif pour la concurrence de la concentration d'acteurs du secteur", mais sans aller jusqu'à imposer des cessions d'actifs.

Les deux groupes ne pourront notamment pas imposer aux opticiens chinois des clauses d'exclusivité et devront s'engager à ne pas vendre leurs produits en-dessous de leur coût de production.

Les deux groupes ne devront également pas obliger leurs clients chinois à effectuer systématiquement des achats groupés, combinant leurs verres et montures, a encore prescrit le régulateur.

- Un calendrier maintes fois ajourné -

Désormais, "la finalisation de la fusion est techniquement possible", s'est réjoui le PDG d'Essilor, Hubert Sagnières, jeudi lors d'une audioconférence à l'occasion de la publication des résultats semestriels du géant mondial des verres ophtalmiques.

La fusion pourrait désormais intervenir d'ici deux mois, a estimé M. Sagnières: "le scénario le plus probable, c'est que nous soufflerons quelques semaines (...) et nous finaliserons très probablement l'opération fin septembre", après une ultime décision attendue des autorités turques, non suspensive.

Les deux groupes avaient révélé il y a plus d'un an et demi leur intention de fusionner en vue de créer le géant mondial intégré de l'optique, combinant verres, lentilles de contact et montures, avec un siège social installé en banlieue parisienne et une cotation à la Bourse de Paris.

Essilor et Luxottica prévoyaient initialement de finaliser leur rapprochement fin 2017, mais avaient dû revoir leur calendrier à plusieurs reprises en raison des examens parfois poussés des autorités réglementaires.

Le futur ensemble, baptisé EssilorLuxottica, devrait représenter un chiffre d'affaires annuel de plus de 16 milliards d'euros pour une valorisation boursière de quelque 50 milliards d'euros.

Les deux sociétés amélioraient leurs gains boursiers après le feu vert chinois: vers 12H23 (10H23 GMT), l'action du groupe français prenait 2,14% à 126,60 euros à la Bourse de Paris, tandis que celle du groupe italien gagnait 2,82% à 58,24 euros à Milan.

- Objectifs annuels confirmés -

Au deuxième trimestre, le chiffre d'affaires d'Essilor a totalisé 1,9 milliard d'euros, en recul de 1,1% en données publiées, en raison de l'impact négatif de l'euro fort, selon des résultats publiés jeudi.

Mais son niveau est conforme aux attentes des analystes du consensus Factset, et il progresse de 4,8% sur un an en "base homogène", c'est-à-dire à taux de change et périmètre constants, soit une nette amélioration par rapport au taux de croissance du premier trimestre (+3,2%).

La principale division du groupe, "Verres et matériel optique", a notamment bien progressé d'avril à fin juin (+4,2% en base homogène) à 1,62 milliard d'euros, grâce à des performances élevées aux Etats-Unis, en Chine et au Brésil, tandis que l'Europe est restée à la traîne (+1,1%).

Sur l'ensemble du premier semestre, les ventes totales du groupe ont dépassé 3,72 milliards d'euros (-3,5% en données publiées, +4% en base homogène), pour une marge d'exploitation ("contribution de l'activité") s'établissant à 18,4% du chiffre d'affaires, contre 18,6% un an plus tôt.

Confiant pour son second semestre, Essilor a par conséquent confirmé jeudi ses objectifs pour l'exercice en cours, à savoir une croissance des ventes en base homogène autour de 4%, pour une marge "supérieure ou égale" à 18,3% du chiffre d'affaires.

Si le bénéfice net semestriel a faibli de plus de 10%, à 349 millions d'euros, ce résultat a seulement reculé de quelque 2,3% sur une base ajustée des charges comptabilisées dans le cadre du projet de fusion avec Luxottica.

Luxottica avait publié dès lundi ses résultats semestriels, marqués par un chiffre d'affaires en recul de 4,9% au deuxième trimestre, à 2,4 milliards d'euros, mais en hausse de 1,4% à taux de change constants, grâce à l'Amérique du nord et l'Asie-Pacifique notamment.

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