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États-Unis: un rassemblement pro-armes sans incident

Tenues de camouflage et fusils semi-automatiques étaient de sortie lundi à Richmond, la capitale de l’État américain de Virginie, où plusieurs milliers de personnes ont manifesté sans incident pour le droit à détenir des armes.

Le rassemblement avait été placé sous haute surveillance de crainte d'actions violentes de la part de groupes d'extrême droite. Le gouverneur démocrate, Ralph Northam, a décrété l'état d'urgence sur la place du Capitole, siège du gouvernement local et site de la manifestation, en raison de "menaces sérieuses et crédibles".

L'évènement était entouré d'un important dispositif de sécurité et d'une surveillance aérienne. Armes et objets dangereux étaient prohibés sur le site même.

"On ne veut pas voir de drame comme celui de Charlottesville", avait prévenu le gouverneur, en référence à une autre ville de Virginie où des affrontements entre militants suprémacistes blancs et antifascistes avaient fait une morte et des dizaines de blessés en août 2017.

Mais malgré le nombre important de manifestants venus dès le petit matin arme en bandoulière ou à la ceinture, en tenue paramilitaire ou vêtus de blousons de chasse, le rassemblement s'est terminé à la mi-journée sans incident majeur.

Dans un froid glacial, les protestataires ont rapidement rempli la place et les rues environnantes. Outre les armes ou les drapeaux, ils arboraient des autocollants orange disant "Les armes sauvent des vies".

- "Une mauvaise pente" -

"Ces dernières décennies, les politiques ont essayé de faire passer des lois qui rendent plus difficile pour les citoyens respectueux de la loi d'acheter des armes à feu. On est sur une mauvaise pente. C'est notre droit constitutionnel, que Dieu nous a donné, de nous armer", dit à l'AFP Brooks, 24 ans, un habitant de Richmond, ville d'ordinaire paisible de 200.000 habitants.

"Il s'agit juste d'exercer ma liberté. Il ne faut pas avoir peur (des armes), ce sont juste des machines. Tout le monde dans la foule est armé et aucun crime n'a été commis", affirme pour sa part Justin Dorton, 38 ans, en treillis et veste de camouflage, et armé d'un fusil semi-automatique.

Un peu plus loin, John, venu de l'Ohio, explique vouloir "changer la culture" des citadins effrayés par les armes comme l'AR-15 qu'il porte sur la poitrine. "Plus on verra d'armes dans la vie de tous les jours, moins on en aura peur", assure le jeune homme, qui cache son visage sous un foulard noir.

Plusieurs mouvements d'extrême droite et groupes paramilitaires avaient annoncé leur participation à cette "Journée de lobbying" auprès des élus, organisée par la Ligue de défense des citoyens de Virginie (VCDL).

- Une arme par mois -

Cette ligue dénonce ce qu'elle considère comme des attaques contre le deuxième amendement de la Constitution, qui garantit le "droit du peuple de détenir et de porter des armes". Mais cet article fait l'objet d'interprétations divergentes et la Cour suprême a limité ce droit au domicile, laissant les villes et les Etats réguler leur transport.

Donald Trump, grand défenseur du lobby pro-armes, a soutenu les manifestants.

"Le parti démocrate en Virginie fait tout pour vous priver de vos droits prévus dans le deuxième amendement. Ce n'est que le début. Faites en sorte que cela n'arrive pas, votez républicain en 2020!", a-t-il tweeté lundi. "Je ne permettrai JAMAIS que notre grand deuxième amendement soit sans protection, même pas un peu!"

État frontalier de la capitale Washington, la Virginie, aux traditions ancrées dans le conservatisme, est passée en novembre dans l'escarcelle des démocrates. Ils ont promis de s'attaquer au laxisme qui entoure selon eux le contrôle des ventes d'armes, notamment après le choc provoqué par la tuerie de Virginia Beach, qui a fait 12 morts en mai.

Les textes actuellement à l'étude renforcent l'examen des antécédents judiciaires des acheteurs, interdisent les chargeurs de plus de dix cartouches et l'achat de plus d'une arme par mois. Ils permettent aussi à un juge de saisir les armes d'individus considérés comme dangereux. Un projet d'interdiction à la vente des fusils semi-automatiques a en revanche été abandonné.

Mark Tures, un commerçant de Lottsburg, dans l'est de l’État, ne veut pas seulement sauver cet amendement, mais "protéger toute la Constitution".

Parce qu'"après les armes, ce sera au tour de la religion, de l'éducation", assure cet instructeur de la NRA, le principal lobby pro-armes du pays.

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