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Etats-Unis: l'idée d'une nationalisation du réseau 5G rejetée unanimement

L'idée qui circule à la Maison-Blanche d'un réseau internet mobile ultrarapide 5G financé par l'Etat fédéral américain a fait lundi l'unanimité contre elle, du régulateur américain des télécoms jusqu'aux industriels du secteur.

Selon le site d'information Axios et le Wall Street Journal, qui citent une note confidentielle, des responsables de la Maison-Blanche en charge de la sécurité nationale poussent à investir dans le réseau internet mobile 5G avec les deniers publics de façon à contrer les ambitions chinoises en la matière.

Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP que cela "faisait l'objet de discussions depuis deux ou trois semaines" au plus haut niveau, à la demande des responsables de la sécurité nationale. Toutefois, a ajouté cette source sous couvert d'anonymat, "beaucoup estiment que c'est une idée stupide".

De fait, cette perspective semblait faire l'unanimité contre elle lundi.

Le président de la FCC (Federal Communications Commission) Ajit Pai, nommé par le président républicain Donald Trump, s'est dit dans un communiqué "opposé à toute idée d'un réseau national 5G construit et géré par le gouvernement".

Selon lui, c'est "le marché, et non le gouvernement, qui est le mieux placé pour tirer l'innovation et l'investissement" et toute tentative fédérale "pour construire un réseau 5G nationalisé serait coûteuse et contreproductive et nous détournerait des politiques nécessaires à l'avenir de la 5G aux Etats-Unis".

Une autre membre de la FCC, Mignon Clayburn, démocrate quant à elle, a estimé elle aussi sur le fait qu'un réseau construit par le gouvernement fédéral ne constituerait "pas la meilleure approche dont notre pays a besoin pour gagner la course à la 5G".

Les opérateurs télécoms se sont aussi élevés contre cette éventualité. "Rien ne saurait davantage freiner notre élan, durement gagné, pour être les leaders mondiaux dans le déploiement de la 5G, que l'arrivée du gouvernement fédéral pour construire ces réseaux", a déclaré Jonathan Spalter, à la tête de l'organisation USTelecom.

Autre réaction négative, celle de l'industrie de l'internet mobile, représentée par la CTIA, selon laquelle "le gouvernement devrait poursuivre sa politique de libre concurrence qui a permis à l'industrie américaine du mobile de gagner la course à la 4G".

Selon la note du Conseil de sécurité nationale (NSC) citée par des médias américains, le gouvernement fédéral devrait s'impliquer directement dans la construction d'un réseau "sûr". Le NSC s'inquiète en particulier des ambitions de la Chine, très en avance sur la 5G, une menace pour la sécurité nationale selon le Conseil.

Deux scénarios seraient sur la table: financer sur deniers publics le réseau ou bien pousser les opérateurs privés à créer ensemble un réseau unique centralisé.

La technologie 5G, qui commence à être testée et exige des investissements énormes, doit prendre le relais de la 4G à l'horizon 2020. Elle permet notamment d'améliorer les services de flux vidéo sur mobile. Elle est également nécessaire au développement de technologies comme la voiture autonome.

Ce débat intervient alors qu'un partenariat entre le fabricant chinois de smartphones Huawei et l'opérateur américain AT&T est vraisemblablement tombé à l'eau début janvier après que, notamment, des élus américains ont dénoncé des risques "d'espionnage".

Pékin avait dénoncé dans la foulée une "montée du protectionnisme" aux Etats-Unis.

La FCC a par ailleurs décidé récemment de mettre fin au principe de "neutralité du net", pour permettre, selon le régulateur, aux opérateurs d'investir davantage dans les réseaux de télécommunications, comme la 5G.

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