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Euro-2024: la Turquie compte sur ses stades et ses supporters

La Turquie, qui peut s'enorgueillir de ses stades flambants neufs et de la passion de ses supporters pour espérer organiser l'Euro-2024, n'a jamais organisé de compétition sportive internationale majeure.

Mais, comme l'a souligné l'UEFA la semaine dernière dans son rapport d'évaluation sur les candidatures de la Turquie et de l'Allemagne qui seront départagées jeudi, le dossier turc comporte plusieurs faiblesses: hôtellerie, transports, économie qui s'essouffle et interrogations sur les droits de l'Homme.

. Les + et les - de la candidature turque:

+ Stades

La Turquie a connu ces dernières années une frénésie de construction de stades dans le cadre d'un grand plan de développement des infrastructures piloté par M. Erdogan. De nouvelles enceintes ultramodernes ont poussé, y compris en dehors d'Istanbul, comme à Konya (centre) et Trabzon (nord-est).

Conséquence: sept des 10 stades proposés pour l'Euro-2024 sont déjà prêts à accueillir les rencontres. Le stade d'Antalya nécessite des aménagements, mais le plus important, le stade olympique Atatürk à Istanbul, doit être reconstruit.

John McManus, auteur de "Welcome to hell? In search of the real Turkish football" (non traduit), estime que les stades turcs seraient "prêts à accueillir des matches du tournoi demain".

Il explique à l'AFP que ces enceintes ont été bâties aux normes de l'UEFA spécialement pour pouvoir accueillir des compétitions.

+ Portée symbolique

Désigner la Turquie pour accueillir l'Euro-2024 aurait une grande portée symbolique, car ce serait de loin la plus grande compétition sportive organisée par ce pays à majorité musulmane.

Ce serait aussi un geste d'ouverture en direction de ce pays qui a déjà essuyé trois échecs et qui accuse régulièrement l'Occident d'"islamophobie".

L'Euro-2024 serait une vitrine importante pour la Turquie, pays qui prévoit de fêter avec faste le centenaire de la République en 2023.

+ Passion

En Turquie, le football est presque une religion. Tout le monde soutient son équipe, une affiliation souvent transmise de génération en génération. Ce pays est "une nation passionnée de football", souligne l'UEFA dans son rapport d'évaluation.

Le tournoi "se déroulerait dans une très bonne atmosphère", estime pour sa part McManus. "Quand je réfléchis aux raisons pour lesquelles la Turquie devrait organiser l'Euro, je pense d'abord aux supporters".

- Transports

L'une des principales préoccupations relevées dans le rapport d'évaluation de l'UEFA concerne l'état du réseau de transports. Si les vols internes sont nombreux et si les routes se sont considérablement développées, le réseau ferroviaire est très en retard par rapport aux pays d'Europe occidentale.

M. Erdogan s'est engagé à poursuivre les efforts dans ce domaine et l'UEFA note que la Turquie prévoit d'investir 17 milliards d'euros pour les transports terrestres.

Mais elle souligne que "l'ampleur des travaux devant être entrepris dans le temps imparti constitue un risque", ajoutant en outre que les capacités d'accueil des hôtels étaient insuffisantes dans la plupart des villes candidates.

- Politique

M. Erdogan est une figure polarisatrice en Turquie et à l'étranger. Les ONG dénoncent la dérive autoritaire du président turc et l'arrestation d'opposants et de journalistes.

L'UEFA s'inquiète dans son rapport de l'absence, dans le dossier turc, de "plan d'action dans le domaine des droits humains".

La situation sécuritaire est aussi observée à la loupe, après une vague d'attentats en 2015 et 2016, même si le pays n'a plus subi d'attaque d'ampleur depuis plus d'un an et demi.

Parmi les villes candidates à l'accueil de matches figure Gaziantep, près de la frontière syrienne.

- Economie

Coup du sort pour la candidature turque, le pays a été secoué cet été par l'effondrement de sa monnaie, la livre, sur fond notamment de crise diplomatique avec les Etats-Unis.

Ces difficultés font peser un risque sur le système bancaire et l'UEFA relève qu'elles pourraient "mettre sous pression les investissements publics prévus" d'ici l'Euro-2024.

Pour McManus, l'économie reste "un point d'interrogation", mais il estime que si la Turquie était désignée pour accueillir le tournoi, tous les acteurs feraient de leur mieux pour "surmonter les obstacles".

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