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Eurofins optimiste pour 2018, malgré son exposition à l'affaire Lactalis

Le géant français des analyses biologiques Eurofins a publié mardi de nouveaux résultats record en 2017 et s'est montré optimiste pour 2018, tant pour son activité que par rapport à l'affaire Lactalis, à laquelle il est mêlé.

Le groupe a légèrement relevé sa prévision de chiffre d'affaires pour 2018, de 3,6 à 3,7 milliards d'euros, contre 2,97 milliards d'euros atteints l'an dernier (+17,1%, ou +18% à taux de change constants).

Au quatrième trimestre 2017, ses ventes ont progressé de 20,6% (+24,6% à taux de change constants) à 843,5 millions d'euros.

Eurofins vise également pour 2018 un excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté de 700 millions d'euros, à taux de change constants, contre 556,7 millions d'euros l'an dernier (+16%).

L'an dernier, il a pu s'appuyer sur une croissance organique solide (+6%), mais aussi sur le dynamisme de sa croissance externe, avec les nombreuses acquisitions qu'il mène tambour battant chaque année dans le monde entier et dans toutes ses activités: tests biopharmaceutiques, alimentaires et environnementaux.

Son rythme effréné de croissance externe a d'ailleurs atteint un record l'an dernier avec quelque 60 acquisitions pour un montant total de 1,5 milliard d'euros, dont la plus importante de son histoire, celle du laboratoire américain EAG pour 780 millions de dollars.

L'ensemble des acquisitions effectuées l'an dernier représente un chiffre d'affaires additionnel de 700 millions d'euros en année pleine. Dans la foulée du rachat d'EAG, Eurofins a annoncé en octobre qu'il comptait dépasser la barre des 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires dès 2019, avec un an d'avance par rapport à son plan initial.

Sa marge d'Ebitda ajusté, indicateur de rentabilité, a toutefois légèrement faibli l'an dernier, à 18,7% des ventes contre 18,9% en 2016, en raison d'un effet de "dilution" lié aux acquisitions, a justifié le groupe.

Son bénéfice net s'est quant à lui établi à 216,8 millions d'euros l'an dernier, en hausse de 24,6%, grâce notamment à la baisse de ses coûts de financement et à un effet positif de la réforme fiscale américaine.

Le groupe compte verser un dividende de 2,4 euros par action au titre de 2017, contre 2 euros pour 2016.

- L'ombre du scandale Lactalis -

Ces annonces étaient saluées à la Bourse de Paris, où le titre Eurofins accélérait encore ses gains mardi après-midi, s'appréciant de 7,41% à 496 euros à 16H39 (15H39 GMT), pendant que le CAC 40 prenait 0,61%.

Seule ombre au tableau: Eurofins a participé aux tests d'autocontrôle dans l'usine de Craon (Mayenne) du géant mondial du lait Lactalis, au coeur d'un vaste scandale de lait infantile contaminé à la salmonelle.

Dans un entretien aux Echos fin janvier, le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, s'en était pris à Eurofins, sans le nommer directement, en mettant en doute la fiabilité des analyses qu'un "laboratoire extérieur de référence" avait effectuées à Craon.

"Nous avons beaucoup de mal à comprendre comment 16.000 analyses réalisées en 2017 ont pu ne rien révéler. Nous avons des doutes sur la fiabilité de ces tests", avait déclaré M. Besnier, alors que Lactalis est accusé d'avoir manqué de transparence et tardé à réagir après avoir découvert la contamination.

Des dizaines de familles de bébés ayant bu du lait contaminé et l'association Foodwatch ont déjà porté plainte contre Lactalis, mais aussi contre Eurofins, la grande distribution et des autorités publiques, et une enquête préliminaire contre X a été ouverte fin décembre par le parquet de Paris.

"Nous sommes extrêmement sereins" par rapport à cette affaire, a affirmé mardi le PDG d'Eurofins, Gilles Martin, lors d'un point de presse sur les résultats annuels du groupe à Paris.

"Nos laboratoires concernés ont travaillé extrêmement bien, nous n'avons absolument aucune inquiétude sur la fiabilité de ces analyses", a estimé M. Martin, refusant de s'exprimer sur le fond de l'affaire, par respect du secret de l'instruction et du "devoir de réserve" d'Eurofins vis-à-vis de ses clients.

Il a cependant estimé que la stratégie de défense de Lactalis consistant à "se défausser" sur Eurofins était "extrêmement malheureuses" et qu'elle risquait "de se retourner contre eux de manière assez brutale".

Eurofins va-t-il porter plainte contre Lactalis pour diffamation? "On verra comment les choses évoluent", a-t-il estimé.

"La communication de Lactalis est de nature à nous porter préjudice" en termes d'image, mais "financièrement, c'est un épiphénomène" pour Eurofins, a-t-il encore jugé.

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