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Europe: un sommet à 27 pour débattre du budget post-Brexit

Les dirigeants européens ont planché vendredi pour la première fois, à 27, sur les choix de budget auxquels ils seront confontés après 2020 et la perte financière causée par le départ du Royaume-Uni.

Les grands projets de l'UE pour se réinventer après le retrait britannique, dont le président français Emmanuel Macron s'est fait l'un des hérauts, se confrontent aux dures questions d'argent et de souveraineté, alors que les 27 ont aussi commencé à réfléchir à la succession de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne.

"Je pense vraiment que si nous voulons (...) des nouvelles politiques et programmes, et si nous ne pouvons pas réduire (...) les politiques historiques (de l'UE), alors les pays devront payer plus", a avancé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Un double défi se pose pour l'UE: face à des défis inédits en matière de sécurité intérieure ou d'accueil de migrants, elle est prête à se doter des moyens financiers pour y répondre mais comment financer ces nouvelles mesures alors que le budget de l'UE va perdre l'un des ses principaux contributeurs, soit environ 10 milliards d'euros par an selon le Conseil européen?

Le sommet de vendredi, informel, n'est qu'une simple "discussion politique", pour fournir quelques pistes à la Commission, selon une source européenne.

Un "exercice inédit", consistant à décider d'abord des priorités puis ajuster le budget en conséquence, ce qui a déjà suscité quelques tensions avant même que la Commission ne table une proposition législative concrète, attendue le 2 mai, qui lancera officiellement les négociations sur le futur "Cadre financier pluriannuel" (CFP).

Ce budget prévisionnel fixe des plafonds de dépenses sur plusieurs années: le cadre actuel, qui court de 2014 à 2020, prévoit ainsi des engagements autour de 1.000 milliards d'euros, selon les chiffres actualisés de 2018.

-Des choix à faire-

Il faudra faire des choix, a prévenu Bruxelles. L'essentiel du budget de l'UE -- environ 70% -- est pour l'instant consacré aux piliers historiques de l'Union: la politique de cohésion, visant à permettre aux régions les plus pauvres de rattraper leur retard, et la politique agricole commune (PAC).

Selon un haut responsable européen qui a requis l'anonymat, la plupart des Etats membres sont d'accord pour soutenir l'idée d'une augmentation de leur participation, mais "ceux qui sont sceptiques ou contre sont très déterminés". Il s'agit d'une coalition de quelques Etats (Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche) contributeurs nets au budget de l'UE (ils donnent plus qu'ils ne reçoivent).

"Ce qu'on ne veut pas, c'est avoir un poids en constante augmentation qui pèse sur les contributeurs nets", a argué le chancelier autrichien Sebastian Kurz à son arrivée.

Certains Etats ont aussi avancé l'idée de créer des conditions de respect des valeurs démocratiques ou d'accueil des réfugiés pour le versement de fonds européens. Une hypothèse sans réponse pour l'instant, tant elle divise les pays mais aussi parce qu'elle semble difficile à traduire dans un langage juridique.

"Selon les traités, les fonds de cohésion sont destinés à la convergence, et rien d'autre", a estimé la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite.

-'Spitzenkandidat'-

Le départ du Royaume-Uni soulève plus généralement un débat au sein de l'UE sur son avenir, à l'approche des élections européennes de 2019, auxquelles succédera la formation d'une nouvelle Commission européenne.

Les 27 ont apporté leur soutien à la nouvelle répartition des sièges au sein du Parlement européen, après le départ des 73 eurodéputés britanniques, proposée par le Parlement lui-même: 14 Etats membres bénéficient de la redistribution de 27 sièges, tandis que 46 seront "mis en réserve", abaissant le nombre total de 751 à 705. La recomposition de l'hémicycle sera officiellement adoptée en juin.

Plus conflictuel est le sujet des "têtes de liste", ou "Spitzenkandidaten" selon le terme allemand qui s'est imposé dans les institutions. Le Parlement actuel a interpellé les 27 Etats membres, exigeant avec force que le candidat qu'ils choisiront en 2019 pour diriger l'exécutif européen soit l'une de ces "têtes de liste" sélectionnées par les partis politiques européens.

Selon un responsable européen, la discussion de vendredi a mis en lumière des "points de vue divergents mais un accord total sur le fait qu'il ne peut pas y avoir d'automaticité". "C'est une décision autonome" du Conseil de l'UE, l'instance qui regroupe les dirigeants, a-t-il insisté.

Quant aux listes transnationales, dont le président Macron est un défenseur, les dirigeants n'ont pas rejeté l'idée, enterrée par le Parlement pour le scrutin de 2019, mais l'ont renvoyée aux élections suivantes en 2024.

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