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Face au déclin, les stations-service contraintes de se réinventer

Réduites à des automates ou proposant au contraire toujours plus de services, les stations-service sont contraintes de se réinventer pour enrayer un déclin qui rend les pompes à essence toujours plus rares à Paris comme dans les campagnes.

La France comptait 41.500 stations-service en 1980. L'an dernier, elles étaient exactement 11.147, soit encore 47 de moins qu'en 2016, selon les chiffres de l'Union française des industries pétrolières (UFIP).

Les victimes ont été les plus petites stations, souvent en milieu rural. Pendant ce temps, les pompes se sont généralisées auprès des supermarchés: plus de 60% des volumes de carburant sont aujourd'hui écoulés par la grande distribution.

"La rentabilité d'une station-service est liée à son débit" et celles qui ont fermé "étaient pour l'essentiel des stations de faible volume", explique à l'AFP Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C).

L'autre facteur a été une réglementation de plus en plus drastique et des aménagements urbains qui ont entraîné un important déclin en ville, notamment à Paris. Une tendance qui risque de s'accélérer: d'ici 2020, les pompes ne pourront plus être situées à moins de treize mètres d'un immeuble d'habitation.

Le ministère de la Transition écologique et solidaire estime toutefois que le maillage reste pour l'instant suffisant "pour la majorité des citoyens". L'Etat se dit "attentif à la situation du réseau" et juge que "90% des particuliers doivent avoir un temps d'accès inférieur à 25 minutes", dans un document de travail datant du mois de juillet.

- "Station municipale" -

Mais "même 25 minutes c'est énorme", rétorque Francis Pousse du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA) et propriétaire-exploitant d'une station Esso près du Mans (Sarthe, ouest).

"Dans les départements particulièrement ruraux, ça pose des soucis. La meilleure preuve est que beaucoup de communes cherchent à monter leur propre station municipale", observe-t-il auprès de l'AFP.

C'est la solution choisie par le maire de Coussac Bonneval, un bourg de Haute-Vienne entre Limoges et Brive-la-Gaillarde qui avait perdu sa station-service il y a quelques années.

"A la suite de la disparition de ce service, on a décidé de prendre le taureau par les cornes et d'en installer une", raconte à l'AFP Philippe Sudrat.

La nouvelle station, gérée par la mairie et totalement automatisée afin de réduire les frais, a rencontré le succès dès son installation il y a un an et demi: elle écoule 55.000 litres de carburant par mois, permettant même de dégager un petit bénéfice pour la commune.

"Mais surtout la bonne opération c'est le service apporté à la population, qui ne le trouvait plus sur la commune: il fallait faire 15 kilomètres pour aller faire le plein d'essence", souligne le maire.

L'installation a profité aux habitants "qui veulent faire leur course dans le bourg, notamment les personnes âgées", se félicite l'élu.

- Lavage pour chiens -

Pour nombre de stations en dehors des supermarchés, la survie est au contraire passée par l'offre de services de plus en plus variés.

La diversification a commencé il y a quelques décennies par le lavage des voitures et s'est depuis déployée tous azimuts: épicerie, presse, café, dépôt de colis... Une station Total dans Paris abrite même désormais... une station de lavage pour chiens.

Mais d'autres défis s'annoncent à l'horizon, avec d'abord la convergence entre la fiscalité du diesel et de l'essence. Le gazole représente encore 80% des volumes vendus en France mais sa part devrait décliner, obligeant les stations-service à encore s'adapter.

Au-delà, "on sera à l'horizon de 10 ans des distributeurs de multi-énergies. Je crois beaucoup par exemple dans l'hydrogène", indique Francis Pousse.

Nombre d'exploitants indépendants, qui ont déjà dépensé beaucoup d'argent pour mettre leurs installations aux normes, se montrent cependant attentistes.

"On leur parle beaucoup de carburants alternatifs, GNV (gaz naturel pour véhicules), bornes électriques… comme le marché n'est pas là et que leur capacité d'investissement est évidemment limitée, ça ne les encourage pas à investir pour poursuivre l'activité", s'inquiète Frédéric Plan.

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