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Fermée en 2005, La Samaritaine renaîtra en avril après des travaux colossaux

Quinze ans après sa fermeture, La Samaritaine reprendra vie en avril sous la forme d'un complexe réunissant grand magasin, hôtel de luxe, bureaux, logements sociaux et crèche, au terme d'un chantier colossal qui aura coûté 750 millions d'euros à son propriétaire LVMH.

"Ce sera un pôle d'attraction, mais c'est aussi un projet mixte et un programme vivant car des gens vont habiter ici, sans compter la crèche", a résumé mardi à l'AFP lors d'une visite du chantier Jean-Jacques Guiony, PDG de l'emblématique grand magasin né en 1870 au cœur de Paris.

Le chemin a été semé d'embûches pour le groupe de Bernard Arnault: si le magasin a fermé en 2005 pour des raisons de sécurité liées à sa vétusté, LVMH (son actionnaire majoritaire depuis 2001) a dû attendre 2015 pour voir définitivement validé son permis de construire et de rénover.

Entre 2012 et 2015, les travaux sont en effet suspendus par une série de recours d'associations de sauvegarde du patrimoine, contestant notamment la réalisation d'une façade contemporaine toute en verre, côté rue de Rivoli.

"Il a fallu cinq ans pour convaincre la mairie de Paris, cinq ans pour obtenir le permis, et cinq ans de travaux colossaux. On ne pensait pas que ça durerait quinze ans, mais ça en valait la peine", souligne M. Guiony, qui est également directeur financier du groupe LVMH.

Pour son 150e anniversaire, La Samaritaine rouvrira enrichie d'un hôtel de luxe Cheval Blanc (marque détenue par LVMH) de 72 chambres et suites avec vue plongeante sur la Seine, des bureaux couvrant 15.000 m2, une crèche de quartier de 80 lits, et 97 logements sociaux gérés par France Habitat.

Cette "réhabilitation patrimoniale et commerciale, au centre de Paris, d'un bâtiment privé de cette taille et d'un seul tenant n'avait jamais été réalisée jusqu'à présent", affirme LVMH.

Joyaux de l'Art nouveau et de l'Art déco, les quatre bâtiments - dont un classé aux Monuments historiques - ont subi une lourde restructuration qui devait également respecter et revaloriser les éléments d'époque: mosaïques, émaux, verrières ou encore garde-corps en fer forgé.

- "Lieu de vie" -

Le "plus petit des grands magasins parisiens" n'occupera plus que 20.000 m2 (contre quelque 30.000 m2 au moment de sa fermeture) et sera géré par DFS, groupe de distribution sélective également propriété de LVMH, avec une sélection de 600 marques de luxe mêlant "mode, art de vivre et gastronomie".

Sous la verrière principale qui domine le futur espace magasin, une immense fresque jaune d'or, ornée de paons multicolores, illumine le monumental escalier aux poutres métalliques apparentes.

"On a beaucoup travaillé sur la lumière naturelle, beaucoup de fenêtres avaient été occultées, et à présent on a notamment une vue sur l'église Saint-Germain-L'Auxerrois. L'idée est d'avoir un lieu de vie au-delà d'un lieu de commerce, avec douze espaces de restauration" dans le magasin qui vise touristes étrangers comme visiteurs parisiens, souligne Eléonore de Boysson, responsable Europe et Moyen-Orient de DFS.

L'hôtel cinq étoiles Cheval Blanc fixera un prix d'entrée de 1.150 euros pour une chambre de 45 m2, mais ne communique pas ses tarifs pour la suite de 1.000 m2 avec piscine privée située au huitième étage. Il proposera également quatre restaurants, dont un gastronomique dirigé par le chef étoilé Arnaud Donckele, désigné chef de l'année par le Gault et Millau dans son édition 2020.

"On a déjà beaucoup de demandes pour l'hôtel, mais les réservations ne sont pas encore ouvertes", précise Olivier Lefebvre, directeur des activités hôtelières de LVMH. L'établissement sera le 5e pour Cheval Blanc.

Mardi, lors d'un point presse, LVMH a indiqué qu'"au total, plus de 1.500 postes seront créés", dont 800 pour le grand magasin, et qu'"avec les bureaux, plus de 2.400 emplois directs seront pérennisés sur site".

En 2005, lors de sa fermeture - initialement pour des travaux devant durer six ans - La Samaritaine employait 734 salariés, dont la quasi-totalité a été reclassée ou a bénéficié de mesures prévues par le Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).

Ces anciens salariés bénéficiant d'une priorité d'emploi dans la nouvelle Samaritaine, "une soixantaine d'entre eux ont manifesté leur intérêt pour revenir", a précisé Jean-Jacques Guiony.

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