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Feu vert de Bruxelles à l'acquisition sous conditions d'Ilva par ArcelorMittal

La Commission européenne a donné son feu vert lundi au rachat, sous conditions, de l'aciériste italien Ilva par le groupe sidérurgique ArcelorMittal, qui s'est engagé à céder certains actifs pour permettre l'opération.

"ArcelorMittal a proposé de vendre plusieurs aciéries à travers l'Europe (...) La concurrence effective sur les marchés européens sera ainsi préservée", a expliqué la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager, qui souligne que ce rachat donnera "naissance à ce qui est, de loin, le plus important sidérurgiste européen".

Cette autorisation fait suite à une enquête approfondie ouverte en novembre dernier par Bruxelles, inquiète que l'opération ne réduise la concurrence sur un certain nombre de produits plats en acier au carbone, qui sont fabriqués par les deux groupes.

Mais ArcelorMittal a ensuite proposé de céder certains de ses sites européens et plusieurs lignes de fabrication, des engagements "qui répondent intégralement" aux préoccupations de Bruxelles.

Le géant mondial de l'acier va ainsi vendre ses sites de Piombino en Italie, Galati en Roumanie, Skopje en Macédoine, Ostrava en République tchèque, Dudelange au Luxembourg et Liège en Belgique.

Ces aciéries seront cédées "à un ou plusieurs acquéreurs qui continueront à les exploiter et à les développer, afin qu'elles puissent concurrencer effectivement ArcelorMittal", souligne la Commission.

Le groupe basé au Luxembourg va aussi vendre "plusieurs actifs de distribution en France et en Italie".

ArcelorMittal, à la tête du consortium Am Investco Italy, avait été choisi en juin 2017 pour reprendre Ilva qui, au bord de l'asphyxie financière, avait été placé sous administration de l'Etat en 2015.

L'offre retenue est de 1,8 milliard d'euros, montant auquel ArcelorMittal a ajouté une promesse d'investissements de 2,4 milliards d'euros et des engagements en matière d'emplois.

- Pollution -

Pour tenter d'amadouer Bruxelles, le producteur et distributeur italien d'acier Marcegaglia, un concurrent majeur, avait récemment été sorti du consortium d'acquéreurs.

Ilva compte notamment le site intégré géant de Tarente, dans les Pouilles (sud), qui emploie 11.000 personnes et est confronté à de sérieux problèmes d'environnement.

Son rachat devrait "permettre d'accélérer les travaux urgents d'assainissement dans la région de Tarente", a souligné Mme Vestager.

"Ce travail essentiel de dépollution devrait se poursuivre sans délai, afin de préserver la santé des habitants", a-t-elle insisté.

La Commission avait ouvert en 2014 une procédure d'infraction --distincte-- au motif que l'Italie "n'aurait pas veillé à ce qu'Ilva respecte la législation de l'UE sur les normes environnementales".

L'exécutif européen rappelle dans son communiqué "qu'il convient de procéder sans retard aux travaux d'assainissement (...) comme convenu en 2016-2017 avec les autorités italiennes".

Fin décembre, Bruxelles avait par ailleurs ordonné à l'Italie, encore dans une autre procédure, de récupérer 84 millions d'euros d'aides illégales octroyées à Ilva "à des conditions inférieures à celles du marché", "à peu près au moment où" des procédures d'insolvabilité avaient été ouvertes contre l'entreprise.

L'enquête portait initialement sur un total de deux milliards d'euros d'aide.

ArcelorMittal a réalisé 4,6 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) de bénéfices en 2017, sur un chiffre d'affaires de 68,7 milliards de dollars (57,6 milliards d'euros).

L'industrie sidérurgique, l'un des principaux secteurs d'activité dans l'UE, emploie environ 360.000 personnes sur plus de 500 sites de production dans 23 Etats membres.

Le marché a été récemment perturbé par des restrictions sur les importations d'acier récemment imposées par les Etats-Unis, dont l'UE est pour l'instant exemptée.

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