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Fitch abaisse la note du Liban, des économistes appellent à des réformes

Le Liban doit accélérer ses réformes économiques, ont estimé samedi des experts interrogés par l'AFP, après l'abaissement par l'agence Fitch Ratings de la note de la dette souveraine et le maintien par Standard and Poor's d'une perspective négative sur sa notation.

Vendredi Fitch a baissé d'un cran la note de solvabilité du Liban de B- à CCC, une catégorie désignant les pays pour lesquels un défaut de paiement est "une réelle possibilité".

"Le déclassement reflète l'intensification des pressions sur le modèle de financement du Liban, augmentant les risques concernant" le remboursement de la dette, selon l'agence.

Le Liban connaît depuis plusieurs années une dégradation de son économie, souffrant relativement de la guerre en Syrie voisine, et dont les répercussions sont venues s'ajouter à une corruption endémique et des infrastructures en déliquescence.

La dette publique culmine à plus de 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB, troisième taux le plus élevé au monde après le Japon et la Grèce.

La Banque centrale et les banques locales, qui engrangent des bénéfices énormes grâce aux intérêts selon des experts, détiennent près de 80% de la dette.

Vendredi, l'agence de notation financière Standard and Poor's (S&P) a maintenu son évaluation à B-/B assortie d'une perspective négative, estimant que les investisseurs étrangers resteraient "prudents", à moins de voir le Liban adopter des "réformes structurelles pour réduire l'important déficit budgétaire" et redresser son économie.

Au Liban, la croissance économique s'est tassée à 0,2% en 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI), sous l'effet du conflit syrien et du recul des investissements.

Les annonces de Fitch et S&P montrent que la situation est "critique", estime l'économiste Ghazi Wazni, pointant "le recul des indicateurs de croissances, la dégradation des finances publiques, l'augmentation du déficit" et le besoin de lutter "contre la corruption et l'évasion fiscale".

Beyrouth s'était engagé en avril 2018 à engager des réformes lors d'une conférence internationale en contrepartie de promesses de prêts et de dons de 11,6 milliards de dollars.

Le Parlement libanais a adopté en juillet un budget d'austérité pour 2019 qui doit permettre de faire reculer de quatre points le déficit.

Vendredi le ministère des Finances a estimé que les annonces des agences constituaient "un rappel sur l'importance de réduire le déficit et d'adopter des réformes".

Pour l'expert Karim Bitar, la décision de Fitch représente "un véritable coup de massue", d'autant que marchés financiers et citoyens ont "le moral plombé".

"Il faut espérer toutefois que cette sanction vienne créer un électrochoc et incite les autorités libanaises à ne plus repousser les réformes", a-t-il ajouté.

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