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Floride: Scot Peterson, l'agent du shérif: "lâche" ou bouc-émissaire?

Publiquement traité de "lâche" par Donald Trump et forcé de démissionner, Scot Peterson, un policier avec plus de 30 ans d'expérience qui était de service au lycée de Parkland pendant le massacre de 17 personnes, tente maintenant de rétablir son honneur.

L'agent se trouvait bien sur le campus du lycée Marjory Stoneman Douglas, en Floride, lorsque Nikolas Cruz a ouvert le feu à l'AR-15 le 14 février. Il est maintenant accusé de n'avoir rien fait pour empêcher la tragédie.

Son supérieur, le shérif du comté de Broward Scott Israel, a jeté l'opprobre sur le policier en expliquant que ce dernier avait "pris position" à l'extérieur du bâtiment où se déroulait la fusillade mais n'était "jamais entré".

Il aurait dû "entrer, aborder le tueur, tuer le tueur", a abondé le shérif, vilipendant son agent en direct devant les caméras de télévision.

Peu de temps après, c'est le président des Etats-Unis qui y est allé de sa critique acerbe, citant nommément Scot Peterson: "Ils sont entraînés, il n'a pas réagi convenablement sous la pression ou c'est un lâche".

Suspendu sans rémunération par le shérif Israel, M. Peterson a démissionné.

Mais quelques jours plus tard, son avocat a publié un communiqué pour présenter sa version des faits, et éviter que le policier ne devienne un véritable bouc-émissaire.

Livré à la vindicte populaire depuis la fusillade, il ne s'est toujours pas exprimé en personne.

"Les accusations qui font de M. Peterson un lâche et qui assurent que sa prestation, vu les circonstances, ne respecte pas le niveau attendu des agents de police sont fausses", assure son avocat, Joseph A. DiRuzzo.

Ce dernier reproche également au shérif Israel d'avoir "calomnié" son client, en portant des accusations publiques contre lui alors que l'enquête interne est toujours en cours.

Surtout, rappelle-t-il, l'agent à des états de service irréprochables: 33 ans d'expérience, et une récompense de policier de l'année chargé de la sécurité des écoles à Parkland, en 2014. Le maire avait à l'époque souligné ses "exploits exceptionnels".

Selon la presse locale, l'homme de 54 ans a même été nommé pour le titre d'agent du shérif de l'année en 2017.

- 'Protéger les enfants' -

Lors de la fusillade, il a reçu un appel concernant "des tirs de pétard", détaille son avocat. Une fois arrivé devant un des bâtiments, il a effectivement entendu des coups de feu, mais "a cru qu'ils provenaient de l'extérieur". Le signalement par radio d'une victime près du terrain de football l'a conforté dans son erreur.

"Conformément à son entraînement", il est alors resté dehors, et a pris position, souligne l'avocat pour justifier la non-intervention de son client. M. Peterson a également été le premier à signaler la fusillade et placer le campus en confinement.

Enfin, une fois les forces du groupe d'intervention SWAT arrivées, il leur a donné sa clé afin qu'ils puissent pénétrer dans le bâtiment. Nikolas Cruz n'a cependant pas été arrêté à ce moment-là: profitant de la confusion pour se mêler aux lycéens en panique, il a quitté l'établissement.

"M. Peterson aurait aimé pouvoir empêcher la mort des 17 personnes ce jour-là", souligne son avocat.

Une vidéo de lui en 2015 lors d'une réunion du conseil des écoles du comté de Broward a refait surface après la tragédie.

L'homme, aux épaules carrées et au cou épais, y présente un nouveau programme de protection des écoles. Pour vendre son efficacité, il utilise comme exemple un signalement qui lui avait été adressé dans une cafétéria d'une université du comté de Broward.

"J'ai pris mon arme, mon badge, mon short et mes baskets et j'ai couru vers la cafétéria", raconte-t-il d'une voix assurée.

"J'ai presque fini. Ca fait 30 ans que je suis là (...) Nous somme tous là pour la même raison: protéger les enfants".

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