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France: le déficit commercial s'est de nouveau fortement dégradé en 2017

Le déficit commercial français s'est de nouveau lourdement creusé en 2017 pour s'établir à 62,3 milliards d'euros, la reprise économique dans l'Hexagone ayant fortement dynamisé les importations.

"Ces chiffres montrent l'ampleur des défis à relever", a déclaré lors d'une conférence de presse le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, reconnaissant qu'il faudrait "se retrousser les manches" pour redonner de l'allant à l'économie française.

Selon les Douanes, il s'agit de "la plus forte dégradation observée depuis 2011".

Entre 2011 et 2015, le déficit commercial avait connu une amélioration constante, passant de 74,5 milliards d'euros à 45,7 milliards. 2016 avait marqué un coup d'arrêt à cette tendance, le solde reprenant sa dégringolade pour finir à -48,3 milliards d'euros.

Dans son dernier projet de budget présenté en septembre, le gouvernement avait prévu une nouvelle dégradation et tablé sur un déficit de 62,7 milliards d'euros en 2017.

En cause, la forte croissance des importations, favorisée par la reprise économique. Elles ont augmenté de 6,8% l'an dernier.

Importations d'hydrocarbures et de pétrole raffiné, tout d'abord: la facture énergétique s'est alourdie essentiellement en raison de la remontée des cours du pétrole, selon les Douanes.

"La fermeture de centrales nucléaires en début d'année" a aussi favorisé les achats d'énergie, souligne Stéphane Colliac, économiste chez Euler Hermes.

De son côté, le déficit manufacturier a atteint un nouveau record à 40,6 milliards d'euros, les chefs d'entreprise, plus confiants dans l'avenir, ayant repris les achats de biens intermédiaires.

"Si les importations sont dynamiques, c'est que notre appareil productif n'est pas en mesure de fournir ces produits", a observé M. Lemoyne. "C'est le produit hélas de 20 ans de désindustrialisation", a-t-il estimé.

La dégradation du solde manufacturier a été plus importante dans l'Hexagone que dans ses principaux voisins européens, soulignent d'ailleurs les Douanes.

- Exportations encourageantes -

Malgré tout, "la dynamique n'est pas si mauvaise, surtout au niveau des exportations", indique Stéphane Colliac. Celles-ci ont augmenté de 4,5%, une progression "bien meilleure" qu'en 2016.

"Notre export réalise son meilleur taux de croissance depuis 2011", a aussi observé Jean-Baptiste Lemoyne, y voyant des "signaux encourageants".

En particulier, les exportations vers l'Asie ont nettement rebondi (+14,1% après -1,3% en 2016), notamment en raison de la croissance en Chine. Un signal "de bon augure" pour 2018 selon Stéphane Colliac, qui souligne que la France est "bien positionnée sur le secteur de la consommation en Chine".

En revanche, si les exportations ont globalement progressé vers l'Union européenne, surtout en ce qui concerne les véhicules automobiles, elles se sont repliées vers l'Allemagne, "du fait de l'effondrement des livraisons d'avions en cours de finalisation dans le cadre de la fabrication coordonnées", indiquent les Douanes.

De fait, l'excédent aéronautique et spatial s'est réduit pour la deuxième année consécutive pour s'établir à 17,4 milliards d'euros.

Dans une note publiée mi-janvier, l'institut Coe-Rexecode indiquait toutefois que les parts de marché françaises à l'exportation avaient continué de se dégrader en 2017, en raison en particulier de l'érosion de la base industrielle française.

Pour 2018, le gouvernement ne prévoit pas de franche amélioration de la situation et anticipe un déficit commercial de 62,8 milliards d'euros. Euler Hermes pronostique pour sa part un solde à -70 milliards d'euros, toujours plombé par les importations et le renchérissement du prix du pétrole.

Comment remédier à cette situation préoccupante? "Il faudrait arriver à développer le tissu exportateur français", estime Stéphane Colliac, rappelant que la France dénombre 125.000 entreprises exportatrices quand l'Italie en revendique 250.000 et l'Allemagne 400.000.

Le gouvernement doit annoncer le 23 février son plan pour dynamiser le commerce extérieur tricolore. Parmi les mesures envisagées, le regroupement des acteurs de l'exportation, l'agence publique Business France et les Chambres de commerce et d'industrie, au sein de guichets uniques placés sous l'autorité des régions en France.

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