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GB: à un mois des législatives, le Labour promet l'internet gratuit pour tous

Le Labour, principal parti d'opposition britannique, a promis vendredi l'internet à très haut débit gratuit pour tous s'il remporte les élections du 12 décembre, l'engagement le plus spectaculaire d'une campagne marquée de tous côtés par des annonces onéreuses.

La facture ne cesse de s'allonger à moins d'un mois de ces législatives visant à sortir de l'impasse le Brexit qui a plongé le Royaume-Uni dans une profonde crise politique.

Critiqués pour leurs hésitations concernant la sortie de l'Union européenne et en retard dans les sondages, les travaillistes, menés par un Jeremy Corbyn très à gauche, ont promis un programme "radical" avec des nationalisations en rafale et des investissements dans les services publics pour tourner la page de dix ans d'austérité sous les différents gouvernements conservateurs.

"Il est temps de rendre le haut débit à fibre optique le plus rapide gratuit pour tous, dans tous les foyers du pays", a déclaré Jeremy Corbyn, le chef du Labour, vendredi à Lancaster (nord-ouest de l'Angleterre). "Ce qui était auparavant un luxe est maintenant essentiel" et doit devenir un service public, a-t-il martelé.

Le coût de ce projet est évalué à 20 milliards de livres (23 milliards d'euros), dont 5 ont déjà été promis par les conservateurs au pouvoir pour améliorer le réseau, mais le montant total est largement sous-estimé, a mis en garde sur la BBC le directeur général de l'opérateur télécoms BT, Philip Jansen.

Le fonctionnement annuel, évalué à 230 millions de livres (269 millions d'euros), serait financé via des taxes imposées à des géants de la tech tels qu'Amazon, Facebook et Google.

Jeremy Corbyn, qui avait déjà annoncé en lançant sa campagne qu'il comptait nationaliser "le rail, la poste, et l'eau", veut aussi nationaliser en partie BT dont sa filiale qui gère le réseau Openreach. Le parti dévoilera son programme complet la semaine prochaine.

- "Fantaisiste" -

Les conservateurs ont qualifié de "fantaisiste" la promesse de leurs rivaux politiques, affirmant qu'elle coûterait des milliards de livres en impôts aux Britanniques.

Soucieux de rompre avec leur image de chantres de l'austérité, les Tories du parti du Premier ministre Boris Johnson ont eux aussi promis d'importantes dépenses dans les infrastructures, des embauches de policiers et de nouveaux hôpitaux. Ils ne cessent cependant de critiquer le caractère dispendieux des promesses du Labour.

A moins d'un mois du vote, le Parti travailliste reste pour l'instant loin derrière le parti conservateur, à 28% d'intentions de vote contre 42% pour les conservateurs, selon un sondage YouGov réalisé mardi.

Mais le scrutin reste incertain et lors des élections de 2017, la campagne concentrée sur les services publics de Jeremy Corbyn lui avait permis de créer la surprise, contraignant les conservateurs à des alliances pour gouverner.

Fournir internet à tous gratuitement doit permettre de "transformer notre pays, réduire les factures de la population, développer notre économie et améliorer la qualité de vie", explique M. Corbyn. "Seulement 8 à 10% des bâtiments sont connectés au haut débit via la fibre optique contre 98% en Corée du Sud. Il y a clairement quelque chose qui ne va pas", a remarqué le leader travailliste.

La fédération techUK, qui rassemble nombre d'entreprises des hautes technologies, ont cependant qualifié cette proposition de "désastre".

Cette annonce des travaillistes, qui ont promis cette semaine des milliards de livres d'investissements pour le système de santé a fait dire aux libéraux-démocrates (centre), qu'il s'agissait d'un "nouveau cadeau hors de prix sur la liste de voeux" du Labour pour ces élections qui se tiennent deux semaines avant Noël.

"Le Labour prévoit de dépenser 55 milliards de livres (64 milliards d'euros) d'investissement par an les cinq prochaines années. Si c'est le cas, cela ferait plus que doubler les dépenses publiques d'investissement à un niveau sans précédent depuis l'époque très différente des années 1970", relevait l'organisme indépendant Institute for Fiscal Studies (IFS) la semaine dernière.

Par comparaison, les annonces du Parti conservateur se chiffreraient autour de 20 milliards de livres par an (23 milliards d'euros), selon la même source.

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