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Brexit sans accord: exercice grandeur nature sur les routes du Kent

Un test logistique grandeur nature impliquant 89 camions a été organisé lundi à partir d'un aéroport désaffecté du Kent (sud-est de l'Angleterre) pour évaluer la possibilité d'éviter des embouteillages en cas de Brexit sans accord fin mars.

Alors que la Première ministre britannique Theresa May tente toujours de convaincre les députés d'accepter l'accord de divorce qu'elle a conclu avec l'Union européenne, la perspective d'une sortie brutale de l'UE --un "no deal"-- devient plus insistante.

S'il se concrétisait, ce scénario s'accompagnerait de contrôles douaniers risquant de créer des embouteillages. Quelque 10.000 poids lourds passent par Douvres chaque jour, et remplir les formalités nécessaires à leur arrivée leur prend seulement deux minutes.

Mais après le Brexit, si les formalités administratives devaient prendre ne serait-ce que deux minutes supplémentaires, cela créerait des bouchons de plus de 17 miles (27 kilomètres) à Douvres, et un chaos similaire de l'autre côté de la Manche en France (Calais et Dunkerque), a prévenu le port de Douvres sur son site internet.

L'exercice organisé lundi par le ministère des Transports est destiné à s'assurer de disposer d'un "plan efficace en place en cas de perturbation après le départ du Royaume-Uni de l'UE".

Les poids lourds impliqués se sont rassemblés sur le site de l'ancien aéroport de Manston, qui pourrait être utilisé pour éviter les embouteillages à proximité de Douvres, selon le gouvernement.

"Le ministère des Transports envisage de stationner ici 6.000 camions si nécessaires", a précisé à l'AFP Toby Howe, en charge de la supervision du réseau autoroutier pour le conseil du comté du Kent.

De là, les camions ont roulé en convoi jusqu'au port de Douvres, distant de 20 miles (32 kilomètres), le long d'une route à deux voies bien moins utilisée par les poids lourds que l'autoroute jusqu'à Londres (A20). Ils ont ensuite fait demi-tour jusqu'à leur point de départ pour un second exercice similaire.

"Nous surveillons tout au long de la route pour voir l'impact et le temps que cela prend, de sorte que si le ministère doit utiliser l'aéroport de Manston pour y stationner du fret, nous pourrons utiliser ces données pour évaluer l'impact sur le réseau local", a expliqué Toby Howe.

- "Poudre aux yeux" -

La RHA, association britannique du transport routier de marchandise, a critiqué l'opération, n'y voyant que "de la poudre aux yeux".

"Il est positif qu'un plan soit élaboré, mais l'ampleur limitée du test d'aujourd'hui nécessite de le répéter pour mesurer correctement l'impact de milliers de camions", a déclaré Richard Burnett, le directeur de RHA. "Ce test ne peut pas reproduire la réalité de 4.000 camions stationnés à Manston".

"La nécessité de ce plan d'urgence montre une nouvelle fois l'importance vitale d'éviter un Brexit sans accord", a de son côté commenté dans un communiqué l'Association pour le transport de fret (FTA). "Avoir recours à l'aéroport de Manston ne sera jamais un bon arrangement mais seulement une partie de la moins pire option, face aux perturbations que causerait un +no deal+ à Douvres".

La porte-parole du ministère des Transports a indiqué que le gouvernement continuait à "travailler dur pour mettre en œuvre un accord avec l'UE".

"Il est toutefois de la responsabilité d'un gouvernement responsable de se préparer à toutes les éventualités, y compris une absence d'accord", a-t-elle ajouté.

Charlie Elphicke, député conservateur de Douvres, a lui critiqué sur Twitter le plan gouvernemental, l'estimant "trop complexe" et susceptible de causer "une confusion énorme" pour les chauffeurs.

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