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GB: Sajid Javid, un eurosceptique fils d'immigré pakistanais aux Finances

Le nouveau ministre des Finances britannique Sajid Javid, eurosceptique et fils d'immigrés pakistanais, obtient un poste clé du gouvernement de Boris Johnson en plein processus de Brexit.

Sajid Javid, 49 ans, qui a avoué la semaine dernière avoir souffert du racisme dans son enfance, avait déjà été le premier membre d'une minorité ethnique à prendre la tête du ministère de l'Intérieur sous Theresa May.

L'ancien banquier d'affaires succède à Philip Hammond, partisan du maintien de liens étroits avec l'Union européenne, qui a démissionné pour ne pas offrir la satisfaction à Boris Johnson, le champion du Brexit, de le limoger.

Depuis son élection au Parlement en 2010, il a rapidement gravi les échelons au sein du Parti conservateur, et son histoire personnelle a fait de lui un porte-drapeau des Tories.

Son père était arrivé dans le pays au début des années 1960 sans un sou en poche, trouvant un travail dans une usine de coton de Rochdale, près de Manchester (nord-ouest de l'Angleterre).

La famille déménage ensuite à Bristol, dans le sud-ouest de l'Angleterre, où le père de Sajid Javid travaille comme conducteur de bus, avant de reprendre un magasin de vêtements féminins.

Malgré des fins de mois difficiles, Sajid Javid entre à l'université puis fait carrière dans la banque, d'abord à la Chase Manhattan Bank, puis à la Deutsche Bank, avant de se tourner vers la politique.

Il offre un visage du Royaume-Uni moderne et multiculturel: ses parents sont musulmans, tandis que son épouse Laura, avec qui il a quatre enfants, est chrétienne et pratiquante.

- Promesses de dépenses -

Partisan du thatchérisme et du libre marché, Sajid Javid, malgré son euroscepticisme, s'était prononcé contre le Brexit lors du référendum de juin 2016, par pragmatisme économique. Mais il a viré de bord ces dernières semaines et offert son soutien à Boris Johnson dans la course à Downing Street.

L'un de ses principaux défis aux Finances sera de composer entre sa vision très libérale de l'économie et les promesses d'augmentation des dépenses publiques de Boris Johnson pendant sa campagne, au cours de laquelle il s'est aussi engagé à baisser les impôts pour les Britanniques les plus riches comme les moins aisés.

"Boris Johnson semble prêt à mener une politique budgétaire plus souple et il attend sans doute de son ministre qu'il soutienne cette vision", a commenté Howard Archer, économiste chez EY.

Pour Neil Wilson, du site d'analyse économique Markets.com, Sajid Javid devrait se montrer très à l'écoute de la City, l'énorme coeur financier de la capitale britannique, afin d'atténuer les conséquences du Brexit.

"Je m'attends à ce qu'il desserre les cordons de la bourse avec une approche davantage de relance et éloignée de l'austérité" pratiquée par les conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2010, écrit-il.

Comme ministre de l'Intérieur, il a essuyé des critiques pour avoir refusé en début d'année le retour d'une jeune femme de 19 ans qui avait rejoint l'EI en Syrie en 2015. Cette décision avait provoqué un profond débat dans le pays, relancé après l'annonce de la mort en Syrie du bébé de la jeune femme.

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