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Glyphosate: en France, une étude tente de clore la controverse

Bientôt la fin des débats sans fin sur le gyphosate ? Alors que le Roundup de Monsanto, plus célèbre déclinaison de cet herbicide controversé, revient sur le banc des accusés aux Etats-Unis, la France veut trancher la question de la dangerosité de cette molécule en lançant une nouvelle étude.

Ce désherbant "à large spectre" a été classé comme "cancérogène probable" en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dépendant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un verdict battu en brèche huit mois plus tard par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui estimait "improbable" qu'il présente un danger cancérogène pour l'homme, et l'Agence européenne des produits chimiques (Echa) qui est allée dans le même sens en 2017.

Mais des scientifiques et ONG ont dénoncé une évaluation "biaisée" car basée sur des rapports fournis par les industriels.

En France, une étude "indépendante" qui aura pour but de "trancher" la controverse sur la dangerosité de cet herbicide controversé, et notamment son caractère cancérogène, va être lancée prochainement, a indiqué lundi l'Anses.

"Nous établissons le cahier des charges d'une étude indépendante qui devrait éclairer la question des dangers du glyphosate, pour essayer de trancher cette controverse sur les dangers du glyphosate et en particulier sa cancérogénicité", a déclaré Françoise Weber, directrice générale déléguée de l'autorité sanitaire, en charge des produits réglementés, lors d'une conférence de presse au Salon de l'agriculture à Paris.

"Dès lors que nous aurons terminé le cahier des charges -dans les semaines qui viennent, nous sommes au bout de ce processus-, il sera transmis aux ministres", a-t-elle précisé. L'Anses a été saisie par les ministres de l'Agriculture, de la Santé et de l'Environnement.

Lors de la clôture des États généraux de l'Alimentation, le Premier ministre Édouard Philippe avait annoncé "une expertise collective" qui devait être lancée par l'Inserm dès 2018.

"L'Anses élaborera le cahier des charges des études complémentaires à mener sur la dangerosité du glyphosate", avait précisé le chef du gouvernement.

- "Le même scandale que l'amiante" -

"Ce n'est pas forcément nous qui la ferons", a indiqué Mme Weber à propos de l'étude proprement dite, évoquant "un consortium d'institutions de chercheurs pour la mener".

Coïncidence, cette annonce tombe peu avant la signature lundi soir, par le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, du "préambule" du contrat de Solutions, une démarche qui réunit le syndicat majoritaire, la FNSEA, et 42 partenaires pour réduire l'utilisation des produits phytosanitaires de synthèse.

Une manière pour le ministre de valider la démarche, celle d'agriculteurs qui ont entendu la demande des consommateurs pour moins de chimie mais veulent reprendre la main sur les moyens à mettre en œuvre pour y arriver.

"La solution qu'on nous présente, ce n'est pas la sortie des pesticides, c'est le contrat de solutions de la FNSEA avec tout un tas de mesures pour diminuer légèrement la courbe de consommation des pesticides", a regretté Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne.

"Cette étude du contrat de solutions, elle est quand même financée par ceux qui vendent les pesticides, c'est comme si on confiait à Pernod Ricard la sortie de l'alcoolémie", a-t-il ajouté.

Concernant l'étude évoquée par l'Anses, elle est selon lui superflue: "Une nouvelle étude, c'est refuser de voir que le scandale des pesticides sera le même scandale que le scandale de l'amiante".

"Depuis dix ans, l'espérance de vie en bonne santé diminue chez les paysans. C'est dû pas qu'aux pesticides, mais c'est aussi dû aux pesticides", a-t-il conclu.

Emmanuel Macron, avait pris l'engagement d'une sortie sous trois ans avant de revenir un peu en arrière et d'évoquer des dérogations. Samedi, lors de l'inauguration du Salon de l'agriculture, il a formé le vœu que la France fasse de son vignoble "le premier vignoble sans glyphosate du monde".

Un projet qui, s'il était mené à son terme, diviserait déjà par deux la consommation de glyphosate en France, à en croire la Confédération paysanne, pour qui "il y a 50% du glyphosate utilisé sur vignes".

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