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Golf: demain, tous connectés sur les greens?

Depuis 2014, l'internet des objets a fait rentrer le golf dans une nouvelle ère chez les joueurs professionnels mais aussi chez ceux du dimanche, friands de profiter de dernières technologies numériques.

Au Trophée Hassan II disputé près de Rabat en avril dernier, on pouvait observer au practice une scène devenue familière en seulement quelques mois sur l'ensemble des tournois des circuits américain et européen.

L'immense majorité des engagés frappait à côté d'une tablette posée sur un trépied, en réalité la quatrième version du TrackMan, la première à incorporer un radar double.

Celui-ci suit d'une part le club durant et après l'impact en mesurant entre autres sa trajectoire et son angle de frappe, et d'autre part la balle jusqu'à son atterrissage en enregistrant au passage plusieurs paramètres dont la courbe de déplacement, l'effet et la vitesse de rotation.

Cet appareil, devenu rapidement indispensable afin d'améliorer son swing, a cependant un coût non négligeable qui alourdit la facture déjà salée des équipements nécessaires à une carrière au plus haut niveau.

En effet la version utilisée par les pros, qui offre une précision de 30 centimètres à 150 mètres de distance, revient à environ 22.000 euros.

Disponible à 18.000 euros, le Zen Green Stage est une plateforme modulable, longue de près de cinq mètres et montée sur vérins, qui permet de récréer toutes les approches de trous avec une déclivité maximale de 12%.

- Avalanche de données -

Plus généralement, l'emploi d'appareils collectant une avalanche de données ou d'images, comme le TrackMan avec sa caméra intégrée, modifie les axes de travail.

Le numéro un français Alexander Levy, vainqueur du tournoi marocain, expliquait ainsi "enregistrer plus de 50.000 putts par an à l'entraînement" pour progresser sur le green, avec une autre tablette spécifique.

Pour traiter cet afflux d'informations, certains font donc appel à des statisticiens high-tech qui intègrent leur staff au même titre qu'un entraîneur de petit jeu ou qu'un préparateur physique.

"Le golf est un sport où l'amélioration et le perfectionnement du geste sont une constante de tous les instants, c'est donc normal qu'il fasse autant appel aux possibilités offertes par le numérique", juge le coach sud-africain Robert Baker.

"Toutefois si cet aspect est sans doute utile, il ne faut pas que cela devienne un frein en oubliant par exemple de travailler la mémoire musculaire avec des outils d'entraînements plus classiques", estime l'ancien collaborateur de Nick Faldo, Severiano Ballesteros et Greg Norman.

Les fabricants jouent sur du velours dans une discipline où la frustration gagne souvent les joueurs, sans cesse en recherche d'une astuce, quel que soit leur niveau.

Pour les pratiquants de base, aux moyens plus élevés que dans d'autres sports, les applications installées sur le smartphone se sont largement démocratisées. Elles ont pour la plupart en mémoire plus de 40.000 parcours du monde entier.

Reliées à divers types de capteurs, elles mesurent la qualité du geste, indiquent les distances et notent les scores.

- Parties à rallonge -

Télémètres lasers, montres GPS, gants connectés, clubs munis de capteurs intégrés dans leur tête ou vissés sur le dessus du manche, puces RFID pour localiser les balles, on ne compte plus les gadgets, qui repoussent les limites de la discipline.

"Le golf base une partie de son attrait sur le respect de traditions presque immémoriales et ces évolutions technologiques amènent les gardiens du temple à prendre position", Christophe Muniesa, le Directeur technique national de la FFgolf.

Les règles du jeu sont révisées tous les quatre ans par l'USGA et le club Royal & Ancient de St Andrews.

Depuis 2016, la règle 14-3 prohibe "tout dispositifs artificiels, équipement inhabituel et utilisation anormale d'équipement", seulement en compétition.

"Déjà qu'un certain nombre de joueurs a moins de savoir-vivre par rapport à il y a quinze ans, on perd maintenant encore plus de temps quand ils consultent leurs téléphone à chaque coup", déplore le directeur d'un golf 18 trous de l'Aube.

Sur certains parcours, les responsables sont obligés de sévir devant des parties à rallonge.

"C'est ridicule quand on a un index supérieur à 25 de dépenser 2.000 euros dans un driver connecté", juge le patron d'un pro-shop situé dans le Gard.

Quelle sera la prochaine grande innovation? Peut-être des lunettes de réalité augmentée indiquant entre autres la distance, la trajectoire idéale et le sens du vent, sur lesquelles planche notamment le géant américain Microsoft.

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