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Grèce: la campagne entre dans sa dernière ligne droite, sans visibilité

En Grèce, la campagne pour les législatives de dimanche est entrée dans sa dernière ligne droite sans avoir dissipé l'incertitude quant au gouvernement que pourra se trouver le pays, pourtant appelé à poursuivre à marche forcée sa tentative de redressement de l'économie.

Favori du scrutin, le dirigeant conservateur Antonis Samaras, bientôt 61 ans, devait tenir son meeting central de campagne dans la soirée à Athènes, devant le palais du Zappion à quelques centaines de mètres du parlement, à la veille de celui de son rival socialiste Evangélos Vénizélos, 55 ans.

Ces grand-messes, maintenues en dépit de l'effondrement du système de bipartisme qui prévalait depuis le retour à la démocratie en 1974, concluront une campagne au cours de laquelle conservateurs et socialistes ont vu leur influence s'éroder au profit des opposants à la rigueur, qui rassemblent selon les sondages autour de 45% des votes, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite.

Sauf surprise, M. Samaras devrait réitérer devant ses troupes de la Nouvelle-Démocratie (ND) son refus de gouverner avec le Pasok de M. Vénizélos, avec lequel il a pourtant fini par s'allier en novembre, avalisant au passage les recettes prônées par les créanciers du pays UE-BCE-FMI qu'il avait jusqu'alors rejetées, face au risque de faillite du pays.

Pour M. Samaras, dont le parti devrait arriver en tête dimanche mais sans espoir de décrocher la majorité absolue au parlement, l'enjeu est de stopper la fuite des électeurs de droite pour être en position de force quand il devra négocier une coalition gouvernementale.

La division de son camp a en effet pris une ampleur inédite après ce qui est apparu comme un reniement, le bloc du "non" à la rigueur se trouvant d'autres portes-paroles: un nouveau parti souverainiste Grecs Indépendants s'est créé tandis que la formation néo-nazie Chryssi Avghi (Aube dorée) est désormais créditée d'un score suffisant pour entrer au parlement.

Face à M. Samaras, le dirigeant socialiste se pose, lui, en garant de la normalisation économique et politique, et s'affirme prêt à renouveler l'alliance gouvernementale sortante. Des messages discordants qui désorientent les électeurs et alimentent les craintes d'une instabilité politique, nourries tant en interne qu'en externe.

"Au total, le bloc des indécis représente 25%, c'est un cauchemar" pour prédire quoi que ce soit, relève l'analyste Ilias Nikolakopoulos, de l'institut Opinion, alors que la publication des sondages est interdite depuis le 27 avril.

"Il y a ceux qui hésitent entre un des deux grands partis et leurs opposants, et ceux qui ont déjà choisi ces derniers, mais ne savent pas choisir dans la foule", précise-t-il.

M. Vénizélos a du coup agité mercredi le spectre d'une "sortie de l'euro" si la Grèce ne parvenait pas à former un gouvernement ou si les électeurs en venaient à déserter massivement le Pasok au profit d'une gauche radicale et communiste dopée par son rejet de l'austérité.

Vainqueur des élections de 2009 avec 44% des voix, ce parti s'expose à chuter à moins de 20% des voix, contre autour de 25% pour la ND, avec un seuil situé autour de 38% pour atteindre une majorité absolue.

"J'espère que nous aurons un gouvernement qui tiendra plus de 40 jours", ironise Spiros Rizopoulos, conseiller en stratégie.

Le Premier ministre technocrate sortant, Lucas Papademos, a lui aussi insisté mercredi sur la nécessité pour le pays d'une "application efficace" des réformes lancées, et invoqué son expérience pour souligner qu'une coalition permet de "résoudre les problèmes difficiles".

Accueilli avec soulagement par les bailleurs de fonds du pays, UE et FMI, l'exécutif de transition de M. Papademos a de fait réussi à restructurer la dette du pays, effaçant pour 105 milliards de créances. L'opération a ouvert la voie au déblocage d'un deuxième paquet de prêts UE-FMI, de 130 milliards, après celui de 110 milliards accordé en 2010.

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