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Grèce/dette: le FMI s'inquiète de la soutenabilité à long terme

Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé vendredi que l'accord récent de l'Union européenne (UE), principal créancier de la Grèce sur l'allègement de la dette de ce pays "a amélioré sa soutenabilité à moyen terme", mais pas "à long terme".

"L'allègement conclu récemment entre la Grèce et ses partenaires européens a amélioré d'une façon significative la soutenabilité de la dette à moyen terme mais à long terme sa perspective reste incertaine", a indiqué le FMI dans un rapport préliminaire.

L'accord signé la semaine dernière vise à permettre à la Grèce de quitter, comme prévu, la tutelle de ses créanciers le 20 août et comprend un allègement de sa dette (178% du PIB, le niveau le plus élevé en Europe) via des allongements des périodes de remboursement, pour l'aider à assurer sa crédibilité sur les marchés.

Le FMI s'inquiète particulièrement sur la capacité du pays à respecter ses engagements concernant les importants excédents budgétaires (hors service de la dette) prévus par l'accord jusqu'en 2060, soit 3,5% du produit intérieur brut jusqu'en 2022 et 2,2% du PIB entre 2022 et 2060.

"C'est un défi pour la Grèce à la fois de parvenir à réaliser 2,2% d'excédent primaire et avoir une croissance", a affirmé Peter Dohlman, le chef de la mission du FMI à Athènes au cours d'une conférence de presse.

Selon l'institution internationale, seuls cinq pays européens ont réussi à avoir depuis 1945 une moyenne d'excédent primaire de plus de 1,5% du PIB pendant plus de plus de dix ans.

Et seule l'Italie y est parvenue dans un contexte de taux de chômage à deux chiffres; en Grèce actuellement le taux de chômage est de 20%.

- "risques" -

"Il y a encore des risques importants et l'héritage de la crise pèse toujours" sur les finances, a souligné Peter Dohlman.

Il a évoqué l'augmentation de la dette privée, le fardeau des prêts non performants pesant sur les banques grecques et la baisse de la population active, qui se réduit de 1% chaque année.

L'austérité stricte imposée à la Grèce depuis 2010 a provoqué une récession inédite, avec une réduction drastique des dépenses publiques affectant surtout la santé et l'éducation.

Ce que le FMI reconnaît désormais: "Il y a d'importants besoins en matière de l'éducation et de la santé", a dit Peter Dohlman.

Sur la même ligne, la commissaire des droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, a également noté vendredi à Athènes que "la fin du troisième programme d'ajustement budgétaire de la Grèce était une occasion pour renverser les effets négatifs de l'austérité sur les droits de l'homme" évoquant les manques dans les domaines surtout de la santé et de l'éducation.

Achevant une visite de quatre jours à travers le pays et ayant aussi visité les camps surpeuplés des migrants et réfugiés sur des îles de la mer Egée, la commissaire a appelé les autorités grecques "à agir immédiatement pour parer aux manques importants d'hygiène et de logement des migrants".

La Grèce doit rembourser près de 10 milliards d'euros au FMI, d'ici 2024, a précisé Peter Dohlman, ancien chef de la mission de l'institution en Biélorussie.

Le FMI a participé aux côtés de la zone euro aux deux premiers prêts accordés à la Grèce entre 2010 et 2014. Il n a plus qu'un rôle "consultatif".

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