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Haïti: vive tension suite à la hausse importante des tarifs des carburants

Une vive tension règne depuis vendredi après-midi à Port-au-Prince suite à l'annonce d'une hausse importante des tarifs des carburants, une mesure respectant l'accord signé avec le Fonds monétaire international (FMI) en février.

Au moins une personne a été tuée dans une altercation avec un groupe de manifestants au coeur de la capitale haïtienne. Un homme assigné à la sécurité d'un dirigeant d'un parti politique d'opposition a été lynché alors qu'il cherchait à forcer le passage. Son corps a ensuite été brûlé sur la chaussée.

Au coeur de la nuit, les principales artères de la capitale haïtienne étaient toujours bloquées par des piles de pneus enflammés et des tirs sporadiques résonnaient encore dans plusieurs quartiers de la ville. Au début des incidents, les personnes alimentant les barricades ont exprimé leur colère face à la hausse massive annoncée un peu plus tôt par le gouvernement.

Faute de pouvoir circuler sans crainte à travers la ville, beaucoup de personnes s'apprêtaient à passer la nuit dans leurs bureaux ou dans des commerces. Dans les quartiers les plus aisés de l'aire métropolitaine, une large part des vitrines et vitres des véhicules garées dans les rues ont été brisées par les jets de pierre des manifestants en colère. Plusieurs voitures ont été incendiées dont au moins une appartenance à la police nationale haïtienne (PNH)

La présence policière a été très rare au cours de la soirée sinon inexistante dans certaines zones de Port-au-Prince pourtant largement ciblées par ces violences urbaines. Les porte-parole de la PNH sont pour l'heure injoignables et aucun officiel n'a encore fait de déclarations face à ces incidents.

En début d'après-midi vendredi, les ministères de l’Économie, des Finances, du Commerce et de l'Industrie ont annoncé l'augmentation des prix de l'essence de 38%, celui du diesel de 47% et celui du kérosène de 51%, à compter du samedi 7 juillet à minuit.

Le nouveau cadre de référence entre le FMI et Haïti, signé en février, impliquait la cessation de la subvention publique des produits pétroliers, source conséquente du déficit budgétaire de l’État.

Le gouvernement haïtien justifie la diminution de ces subventions publiques du fait qu'elles privilégiaient injustement l'économie de la République dominicaine voisine, où les tarifs à la pompe sont plus élevés.

"La consommation journalière de produits pétroliers était arrivée à autour de 20.000 barils, alors que notre consommation habituelle est de 14.000 ou 15.000 barils", a détaillé vendredi Jude Alix Patrick Salomon, le ministre haïtien de l'Economie et des Finances.

"Chaque jour, c'est une subvention de 5.000 à 6.000 barils que l'on finance pour l'autre côté de la frontière, ce qui est très lourd pour notre économie", a-t-il ajouté.

Sachant la mesure impopulaire, les ministres ont fait coïncider leur conférence de presse avec le quart de finale de la Coupe du monde de football auquel participait le Brésil, l'équipe soutenue avec une immense ferveur par la majorité des Haïtiens.

Ce n'est qu'à l'issue de la rencontre, signant l'élimination de la sélection brésilienne, que les troubles ont débuté à Port-au-Prince.

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